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Togo : la sortie de crise, c’est par où ?
Les champs de Brigitte Acakpo sont sans doute les mieux protégés du pays. Pour y accéder, il faut traverser le camp militaire de la ville d’Atakpamé, dans la région des Plateaux. Sa maison et ses terres se trouvent tout au bout de la base, au pied des petites montagnes de cette région riche en fruits et en céréales. Biologiste de formation, elle a quitté Lomé et suivi son mari, médecin militaire, pour réaliser son rêve de jeune citadine : « cultiver ». Mais à 32 ans, elle fait plus que semer, récolter et vendre avocats, maïs, haricots et soja : elle est aujourd’hui l’une des agricultrices les plus influentes du pays.
Majorité de femmes
Son défi ? « Renforcer et moderniser les compétences des agricultrices togolaises » grâce à un outil moderne et « pratique » : l’application WhatsApp. « Dans notre pays, il y a 4 millions d’agriculteurs, dont une grande majorité de femmes. Elles jouent donc un grand rôle dans le développement du secteur mais n’ont pas assez d’appuis », constate Brigitte Acakpo.
Consciente que le réchauffement climatique affecte la terre et donc les revenus et le mode de vie des agricultrices, elle a créé, en 2016, le Consortium Femmes REDD+ Togo, qui réunit 62 ONG du secteur.
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Chaque vendredi, les représentantes du collectif se retrouvent sur l’application pour échanger et trouver des solutions. « Nous conseillons aux agricultrices d’adopter les bonnes pratiques : cultiver et manger bio, utiliser des insecticides naturels, conserver les semences pour les récoltes à venir, ne pas brûler les résidus mais les transformer en compost. Ainsi, la terre se restaure et devient plus fertile », explique cette cultivatrice engagée. Les discussions sont ensuite relayées auprès des femmes à travers le pays.
Le collectif lutte également contre la déforestation, dans un pays où 80 % de la population a recours au charbon de bois comme combustible. « Nous proposons aux femmes qui collectent le bois des formations pour apprendre à fabriquer des foyers améliorés qui en consomment moins. Pour compenser cette perte de revenus, on les incite à se reconvertir doucement dans l’apiculture ou le maraîchage », détaille Brigitte Acakpo. Plus de 10 000 agricultrices suivent ainsi le mouvement. « Quand les femmes sont entre elles, elles s’expriment mieux, elles sont à l’aise et elles avancent », affirme-t-elle.