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Afrique-France : un autre regard ?
Quand il constate que « des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Ou quand il demande à un étudiant de n’avoir pas « une approche bêtement post-coloniale ou anti-impérialiste » au sujet du franc CFA.
« Les grands équilibres du monde de demain »
C’est là le style un brin provocateur que le président français adopte aussi avec ses compatriotes. Pour lui, il n’y a ni tabou, ni politiquement correct, ni prudence diplomatique d’un autre âge à respecter. Il faudra s’y faire car, sous son impulsion, le regard français sur l’Afrique et celui de l’Afrique sur la France changent par touches successives.
L’approche naguère misérabiliste laisse la place à une démarche qui se veut respectueuse. Les méfaits de la colonisation sont reconnus. La coopération, vieux et beau mot relégué au magasin des souvenirs, semble enfin à l’ordre du jour sous l’appellation de « partenariat ».
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Mais on en est encore aux symboles, ce qui n’est pas rien, et aux mots, ce qui n’est pas tout. Un nouveau type de relations doit encore naître entre la France et le continent qui lui fait face au sud de la Méditerranée. Les politiques ne seront pas les seuls à installer ce nouveau climat qui permettra à l’Afrique et à la France « d’inventer les grands équilibres du monde de demain », selon le vœu d’Emmanuel Macron.
Les entreprises françaises, séduites par l’irruption d’une classe moyenne africaine, y contribueront. Les PME africaines, qui ont un besoin urgent de capitaux et de savoir-faire venus du Nord, y apporteront leur pierre.
Les diasporas, qui ont fait souche de Toulouse à Montreuil et de Marseille à Évry, devront y avoir une place et pas seulement en envoyant de l’argent au bled. Rien n’est joué. Rien n’est perdu. Tout est à faire.