Migrants : Khalid Zerouali plaide pour « une nouvelle ère de coopération avec l’UE »

Khalid Zerouali, directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières, revient pour Jeune Afrique sur l’évolution des flux migratoires qui partent ou transitent par le Maroc et expose les contours de la coopération qu’il appelle de ses vœux avec l’Union européenne.

Des migrants célébrant la réussite de leur passage dans l’enclave espagnole de Ceuta, au Maroc, le 22 août 2018. © REUTERS/Fabian Bimmer

Des migrants célébrant la réussite de leur passage dans l’enclave espagnole de Ceuta, au Maroc, le 22 août 2018. © REUTERS/Fabian Bimmer

CRETOIS Jules

Publié le 14 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le Maroc et l’Espagne font-ils face à une augmentation des tentatives de traversée de la mer Méditerranée ?

Khalid Zerouali : Entre 2003 et 2015, nous étions à 32 000 tentatives en moyenne d’émigration irrégulière au départ du Maroc avortées chaque année. Depuis 2016, ce nombre a dépassé les 65 000. C’est plus du double. Deux raisons expliquent la réorientation des flux de migrants vers le Maroc. D’abord, le renforcement des facteurs d’appel et d’attraction en Europe enregistrés dans le sillage des vagues de migrants et de réfugiés qu’a connues ce continent. Mais aussi le contexte sécuritaire qui a un impact sur la route migratoire passant par la Libye.

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Où en est la coopération maroco-espagnole en matière d’immigration ?

Les réunions régulières du groupe migratoire permanent, créé en 2003, ont permis aux deux pays d’harmoniser leurs matrices d’analyse et de coordonner leurs actions, non seulement dans la lutte contre la migration irrégulière mais également dans la promotion des voies légale de la migration régulière.

En ce qui concerne l’Union européenne [UE], les rencontres, ces derniers mois, du ministre de l’Intérieur avec le commissaire européen aux Affaires intérieures, Dimítris Avramópoulos, ont inauguré une nouvelle ère de coopération rénovée entre le Maroc et l’UE dans le domaine des contrôles frontaliers et dans la lutte contre les réseaux.

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Les contours de cette coopération, que nous voulons durable et pérenne, et non juste conjoncturelle, sont en cours de finalisation par les experts des deux parties.

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Le Maroc avait aussi lancé le Processus de Rabat en 2006. Où en est-il ? Est-ce un outil suffisant ?

Le Processus de Rabat avait inauguré un chapitre inédit en mettant autour d’une même table les pays d’origine, de transit et de destination. C’est d’ailleurs devenu la référence en matière de nouvelles initiatives régionales et internationales.

C’est un cadre qui offre une vision globale intégrant des solutions structurelles en amont, notamment à travers des initiatives de développement durable en Afrique. Mais sa mise en œuvre se heurte parfois à la primauté de la logique sécuritaire de certains pays du Nord.

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L’Europe a proposé l’ouverture de centres de rétention pour les migrants interceptés en mer en dehors de ses frontières. Rabat a rejeté l’idée. Pourquoi ?

Cette solution a déjà montré ses limites en Europe. Nous n’allons donc pas transposer une mesure vouée à l’échec. D’autant plus qu’in fine cette solution ne fera que déplacer un problème sans le résoudre sur le fond. Ce refus est également cohérent avec notre acceptation de la notion de responsabilité partagée.

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