Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement de Paul Kagame et candidate au poste de secrétaire générale de l’OIF, à Paris le 20 septembre 2018 © Bruno Levy pour JA

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La Francophonie retourne à l’Afrique

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Politique

Francophonie : Michaëlle Jean, la sortante en position d’outsider

La secrétaire générale sortante aborde l’élection en position d’outsider. Seul un ferme veto de ses partisans visant sa rivale pourrait lui permettre d’obtenir un second mandat.

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Mis à jour le 8 octobre 2018 à 11:01

Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie au siège de l’OIF à Paris le 1 octobre 2018 © Bruno Levy pour JA

• Atouts

Sa détermination

Malgré les pressions amicales et la volonté de lui ménager une porte de sortie, elle a décidé de maintenir sa candidature jusqu’au bout. Quitte à provoquer un débat houleux entre chefs d’État. Une discussion à huis clos comporte toujours une part d’imprévu qui pourrait lui être favorable.

La déclaration de Bamako

Ce texte, adopté en 2000 par les chefs d’État francophones, fait de la démocratie « un système de valeurs universelles ». Or Louise Mushikiwabo conteste cette universalité et estime que ce modèle « peut varier en fonction du contexte et de l’histoire de chaque pays ». Jean se veut, a contrario, la « légataire » de cet héritage.

Sa résistance à Macron

En révélant publiquement, en mai, son soutien à Mushikiwabo sans en avertir sa rivale, le président français a pu donner l’impression de placer les autres pays devant le fait accompli. Jean entend donc incarner une résistance contre une Francophonie conçue comme un simple instrument de la diplomatie française.

• Handicaps

Sa nationalité

Plus de la moitié (29 sur 54) des États membres de plein droit de l’OIF sont africains. Jusqu’à l’élection de Jean, l’institution avait toujours été dirigée par une personnalité originaire du continent. La Canadienne doit donc son élection aux divisions entre Africains, qui ne seront pas de mise à Erevan. L’UA et la France entendent bien de surcroît refermer cette parenthèse nord-américaine.

Le contraste avec Abdou Diouf

Précurseur de la démocratisation du continent, l’ex-président sénégalais était unanimement écouté et respecté. Ce qui lui permettait de faire passer des messages discrets, mais parfois fermes. L’OIF a largement perdu cette capacité. Diouf juge d’ailleurs assez durement le bilan de son successeur, même s’il s’abstient de toute critique publique.

Le syndicat des chefs d’État africains

La sortante est loin d’avoir l’oreille de tous les présidents du continent. Lors de la récente crise au Togo, son représentant n’a même pas pu se rendre sur place. Pendant son mandat, elle s’est surtout appuyée sur la jeunesse et sur les sociétés civiles. Mais à Erevan, ce sont les chefs d’État qui décideront.

Les critiques de ses compatriotes

Si le Premier ministre Justin Trudeau a mouillé la chemise pour la défendre, elle ne fait pas l’unanimité dans son propre pays. Les critiques à son encontre viennent notamment des nationalistes québécois, dont la province dispose d’un siège à l’OIF. François Legault, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui vient de remporter les élections dans la Belle Province, lui reproche notamment ses défaillances dans les domaines de la « transparence » et du « contrôle des coûts ».