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Le Congo à l’heure des comptes
Pour la première fois depuis longtemps, l’économie congolaise devrait bénéficier d’une certaine concordance des temps dans les mois qui viennent. Contraintes par le FMI de maîtriser les finances publiques et de trouver de nouvelles sources budgétaires, les autorités du pays voient les cours pétroliers reprendre de la vigueur, pendant que les projets miniers commencent à entrer en phase de production. Ce sera bientôt le cas des gisements de potasse.
Le Congo nourrit de grandes ambitions pour ce minerai (commercialisable comme fertilisant), dont il espère extraire rapidement 6 % des volumes mondiaux, ce qui ferait de lui « le premier producteur africain », pour reprendre l’expression employée par le ministre des Mines et de la Géologie, Pierre Oba.
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L’histoire de la potasse au Congo ne date pas d’hier. Les premiers gisements ont été identifiés dès les années 1950. De 1969 à 1977, le pays en a même exporté plus de 2 millions de tonnes, extraites de la mine Saint-Paul, à Holle (50 km à l’est de Pointe-Noire, près de Hinda), jusqu’à ce que le puits soit accidentellement inondé. Et c’est dans ce même département du Kouilou que la filière est aujourd’hui en train de renaître. En mars, le gouvernement a en effet approuvé l’octroi des permis d’exploitation pour les gisements de Kola et Dougou, situés à environ 100 km au nord de Pointe-Noire, à la société congolaise Sintoukola Potash, détenue à 97 % par la compagnie australienne Kore Potash (KP2, ex-Elemental Minerals).
Après huit ans d’exploration, ses efforts sont en passe d’être récompensés : les deux gisements, d’une superficie globale de 650 km², sont considérés comme un bassin de classe mondiale. « Ils ont surtout l’avantage d’offrir des coûts d’exploitation très bas, grâce à la teneur importante des minerais, à la faible profondeur des dépôts [moins de 300 m, alors qu’ailleurs elle peut atteindre 1 000 m] et à la proximité du littoral [40 km] », explique un cadre de KP2. Certes, les investissements à réaliser se chiffrent à plus de 4 milliards de dollars sur vingt ans, mais en pleine phase d’exploitation, les deux puits pourraient produire jusqu’à 5 millions de tonnes de potasse par an.
Consortium français
À plus de 200 dollars la tonne – son cours actuel –, c’est un joli pactole en perspective, pour l’opérateur comme pour les pouvoirs publics congolais, qui détiennent 10 % des sociétés d’exploitation Kola Potash Mining (KPM) et Dougou Potash Mining (DPM), filiales de KP2. D’autant que la demande du secteur agricole au niveau mondial devrait maintenir les cours au beau fixe pour longtemps.
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Pour assurer le développement de ses gisements, la compagnie a fait appel à un consortium de quatre entreprises françaises d’ingénierie : Technip FMC, Vinci Construction Grands Projets, Egis et Louis Dreyfus Armateurs (LDA), reconnues internationalement pour leur expertise en matière d’infrastructures, d’exploitation minière et de transport maritime. Le consortium est en train de mettre la dernière main à l’étude de faisabilité définitive, de façon à ce que les travaux d’aménagement et de construction, sur le site minier comme sur le site côtier (usine de transformation, camp de base, port), puissent démarrer dès 2019, pour une entrée en production en 2020.
Petite note salée
La potasse de Kola est issue de la sylvinite. Ce minerai salin, composé de chlorure de potassium (sel amer) et de chlorure de sodium (sel de cuisine), provient d’une évaporation de saumures marines. Il est utilisé essentiellement comme fertilisant, la potasse faisant partie des éléments indispensables à la croissance des plantes, au même titre que l’azote et le phosphore.