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Le Congo à l’heure des comptes
Le Congo vient de se doter d’un Plan national de développement (PND 2018-2022). Adopté par le Parlement le 13 août, ce nouveau cadre de l’action gouvernementale concrétise le projet de société du président Denis Sassou Nguesso pour moderniser le pays, poser les bases d’une croissance forte, diversifiée et inclusive, et améliorer les conditions de vie des Congolais. Le PND 2012-2016 avait déjà permis de faire des progrès.
Durant cette période, le PIB hors pétrole a connu une croissance de l’ordre de 7 %, avec des acquis visibles sur tout le territoire en matière d’infrastructures de transport, d’énergie, d’accès à l’eau potable et de santé. Cependant, beaucoup reste à faire au regard des attentes légitimes des populations et des objectifs du PND 2012-2016, qui ont été contrariés par l’impact de la crise pétrolière sur l’économie et sur les moyens de l’État.
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Cette crise, qui a aussi frappé les autres pays de la sous-région, a reçu une réponse concertée au sein de l’espace Cemac : lors du sommet de Malabo, le 30 juillet 2016, le Congo et ses voisins ont adopté un Programme de réformes économiques et financières (Pref-Cemac), qui a été renforcé le 23 décembre suivant, lors du sommet de Yaoundé, pour un ajustement régional avec le soutien du FMI.
Dès 2016, le gouvernement congolais a consenti d’énormes efforts d’ajustement interne pour réduire les dépenses publiques, rééquilibrer le budget de l’État et restructurer sa dette. Depuis 2017, le prix du baril remonte, le secteur pétrolier national connaît une forte croissance. Pourtant, l’économie congolaise peine à rebondir. C’est pourquoi, avec le PND 2018-2022, le pays compte transformer la crise en occasion de reprendre en main son destin. L’objectif est triple : stabiliser la situation macroéconomique du Congo, relancer son agenda quinquennal de croissance économique et préserver le secteur social. Pour éviter la dilution de ses efforts administratifs et financiers, le gouvernement a choisi de se concentrer sur trois domaines.
• L’amélioration de la gouvernance au sein de l’administration et de la société repose sur un programme multidimensionnel de réformes structurelles. L’objectif est de renforcer l’État de droit, de combattre les anti-valeurs, le laxisme, l’impunité, et de promouvoir une culture du respect de la personne, de la chose publique, du résultat et de la performance.
• La valorisation du capital humain passe par la réforme du système éducatif et de la formation professionnelle. Elle vise à mettre le capital humain, dans toutes ses dimensions (technique, intellectuelle, morale, civique), au centre du processus de développement.
• La diversification de l’économie, fondée sur quelques secteurs porteurs, dont l’agriculture (au sens large), le tourisme et les industries, a pour objectif d’accroître les exportations hors pétrole et de substituer les produits locaux aux produits importés, à travers la densification du tissu économique, une meilleure compétitivité et un secteur privé prépondérant.
La relance repose en effet sur le choix clair du gouvernement de réduire le rôle de l’État dans le secteur marchand pour donner plus de place à l’initiative privée, à la liberté d’entreprendre et de commercer. L’État continuera d’assumer directement les investissements et les réformes pour le renforcement de la gouvernance, la valorisation du capital humain et la production des services publics et sociaux (qui doivent contribuer à l’amélioration du climat des affaires, de la compétitivité et, donc, motiver le secteur privé dans la transformation structurelle de l’économie). En revanche, il concédera au secteur privé les investissements directs, ainsi que la production de biens et services dans les secteurs de diversification.
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Une mise en œuvre rigoureuse du PND 2018-2022 permettra de stabiliser les finances publiques du pays, de redresser sa position extérieure, de ramener l’endettement à des niveaux soutenables et de relancer la croissance du secteur non pétrolier, condition sine qua non d’une croissance durable, inclusive, à même d’améliorer de façon significative les conditions de vie des populations.
Le Congo n’entend pas se croiser les bras et ne versera ni dans l’attentisme ni dans le défaitisme. Bien au contraire. Tout en restant conscient de ses contraintes financières, le gouvernement s’est résolu à intensifier ses efforts pour corriger les contraintes structurelles majeures qui entravent sa marche vers le développement, à savoir les problèmes de gouvernance, de qualité des ressources humaines et d’extrême dépendance aux ressources pétrolières.