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Le Congo à l’heure des comptes
Son « Congo qui va mal » contraste avec celui, « bien loin de la banqueroute », qu’esquissait Denis Sassou Nguesso dans son message à la nation du 14 août. L’opposant et ancien ministre Guy-Brice Parfait Kolélas (59 ans) estime en effet qu’aujourd’hui « le pays se trouve aux antipodes du développement ». Selon lui, tous les indicateurs économiques sont au rouge, les conditions de vie des Congolais ne cessent de se dégrader, et la bonne gouvernance n’est pas au rendez-vous.
Tout comme ses lieutenants de l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki), qu’il a brièvement réunis le 17 août, le député de Kinkala déplore l’« autosatisfaction permanente du chef de l’État ». Ce soir-là, Denis Sassou Nguesso a en effet peint un tableau de la situation économique et sociale du pays plutôt optimiste, soulignant un « retour progressif de la paix dans le département du Pool », des « avancées » dans les négociations avec le FMI pour garantir le « retour aux équilibres macroéconomiques », etc.
Pas suffisant pour convaincre le député du Pool. « Je réitère mon appel de novembre 2017 au chef de l’État pour qu’il active les articles 227 et 228 de la Constitution, lesquels instituent le Conseil national du dialogue comme organe de concertation, d’apaisement et de recherche de consensus », dit-il.
Depuis plusieurs mois, ce dernier pousse en effet à l’organisation de « pourparlers intercongolais inclusifs ». Contrairement à la Fédération et au Collectif, deux plateformes de l’opposition radicale, respectivement dirigées par les anciens ministres Claudine Munari et Mathias Dzon, Guy-Brice Parfait Kolélas (arrivé deuxième à la présidentielle de 2016, avec 15 % des voix) ne s’est pas engagé dans une démarche de remise en cause des institutions issues des élections de 2016 et de 2017 – ce qui lui vaut d’être qualifié de « traître » par certains.
Le Pool, son fief
Kolélas n’en a cure et avance ses pions. Son mouvement compte neuf députés. Certes, il n’a pas obtenu le statut de chef de l’opposition – « pour des raisons politiques », précise l’un de ses proches –, attribué à Pascal Tsaty Mabiala, leader de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), mais l’aîné des enfants de l’ancien Premier ministre Bernard Kolélas (décédé en 2009) compte bien continuer à faire entendre sa voix. Surtout dans le Pool, son fief.
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Un accord de cessez-le-feu a été conclu à la fin de décembre 2017 entre le chef des insurgés, Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi, et le gouvernement. Pourtant, huit mois plus tard, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des Ninjas Nsiloulous piétinent. Un temps considéré comme proche du pasteur Ntumi (qui, lorsqu’il était membre du cabinet du chef de l’État, avait soutenu sa candidature en 2016), Kolélas fils a depuis pris ses distances avec son ex-allié. C’est ce qu’il affirme, en tout cas, aujourd’hui. Et, au-delà du cas des ex-combattants, il appelle désormais à la « réinsertion sociale » de l’ensemble de la population sinistrée du Pool.