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L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz. © AMI pour J.A.

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Mauritanie – Mohamed Ould Maouloud : « C’est la majorité qui a rompu le dialogue »

Le président de l’Union des forces de progrès, Mohamed Ould Maouloud, explique pourquoi l’UFP ne boycottera pas les scrutins de septembre en Mauritanie.

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Par - Propos recueillis à Nouakchott
Mis à jour le 2 juillet 2018 à 16:21

Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces de progrès © DR

Président en exercice du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), la coalition de l’opposition dite radicale, le leader de l’Union des forces de progrès (UFP) explique pourquoi les négociations engagées pour préparer des élections apaisées en septembre ont capoté. Et pourquoi, malgré tout, il exclut le boycott.

Jeune Afrique : Participerez-vous aux législatives, aux municipales et aux régionales ?

Mohamed Ould Maouloud : Il est impossible de boycotter des scrutins qui concernent la transition démocratique au moment où le dernier mandat du chef de l’État touche à sa fin. Ces élections constituent un tournant décisif pour l’avenir du pays, et il serait grave de les tenir dans la confrontation.

Mais nous allons nous battre pour exiger un processus consensuel. Le pouvoir a voulu nous confisquer ce processus, il a limité le dialogue aux opposants qu’il s’est choisis.


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Visez-vous la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ?

La loi veut que la Céni soit composée de façon paritaire. Or l’opposition n’a pas été impliquée dans la désignation de ses membres. Nous allons donc nous battre sur le terrain, et nos candidats s’opposeront à toute tentative de fraude.

Pourquoi les négociations secrètes avec la majorité ont-elles échoué ?

Des réunions ont eu lieu entre, du côté de l’opposition, le président de Tawassoul et un ancien Premier ministre, et, du côté du pouvoir, le président de l’UPR [Union pour la République], le chef de file de la majorité présidentielle et le ministre de la Fonction publique. Ils ont présenté un projet d’accord. Nous leur avons fait des contrepropositions : accord sur la composition de la Céni, libération des détenus politiques et invitation d’observateurs étrangers. Ils ont rompu le dialogue.


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Le FNDU est-il uni ?

Oui, il est uni autour de ses exigences concernant l’établissement d’un État de droit et le fait de garantir l’alternance. Il s’est même élargi, au sein du « G8 », aux autres forces démocratiques d’opposition.

 Êtes-vous confiant dans le succès de l’opposition ? 

N’importe quel candidat de la majorité qui a mis ce pays à genoux sera rejeté en 2019. Depuis dix ans, l’exécutif s’attire des louanges pour sa politique sécuritaire , mais, si la communauté internationale et les pays intervenant au Sahel ne voient pas qu’il crée les conditions qu’un basculement vers le terrorisme, ils porteront une lourde responsabilité.

Ce G8 intègre l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA). Son leader, Biram Ould Dah Ould Abeid, ne joue-t-il pas en solo en se déclarant candidat à la présidentielle ?

Nous préférons une stratégie d’union qui permette d’imposer la transparence. Il a droit à la sienne.

Quand le FNDU choisira-t-il son candidat pour 2019 ?

Nous signerons bientôt un accord électoral qui concernera tous les scrutins jusqu’à la présidentielle.

C’est lui qui devrait être poursuivi

Vous êtes le seul leader politique à ne pas avoir accepté d’argent de Mohamed Ould Bouamatou. Pourquoi le défendez-vous quand il est accusé d’avoir corrompu des sénateurs ?

Toute cette histoire a été fabriquée pour discréditer les sénateurs qui ont osé voter contre la révision de la Constitution en 2017. Bouamatou a aidé le FNDU, dont je suis membre, ainsi que d’autres bonnes volontés.

Il n’est pas interdit de recevoir des dons pour soutenir l’action politique, syndicale ou associative. Dans les semaines qui ont précédé le vote, le président a fait distribuer des terrains aux sénateurs. C’est lui qui devrait être poursuivi.