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Mauritanie : bouffée d’air frais
Pas sûr que, le 2 juillet, Emmanuel Macron arrive à Nouakchott les bras chargés de cadeaux. Certes, il apprécie le côté « cash » du président Ould Abdelaziz, qui est à l’origine du G5 Sahel. Mais il ne parvient guère à concrétiser les quelque 500 millions d’euros d’aides promises par le consortium des Amis du Sahel aux cinq pays pour mettre en place les bataillons, embryons de la force conjointe, qu’il espère capables de se substituer aux troupes françaises de l’opération Barkhane.
Nouvelle brigade spéciale
L’Union européenne semble avoir débloqué les primes pour les officiers en poste à l’état-major de la force conjointe à Sévaré (Mali). C’est peu. En janvier, la France a donné à la Mauritanie dix véhicules tactiques légers tout-terrain de la société Acmat – à peine de quoi constituer une nouvelle brigade spéciale, fer de lance de l’armée en zone désertique. C’est déjà quelque chose.

© Dom
Même bilan maigrelet en ce qui concerne le deuxième volet du G5 Sahel cher au président Mohamed Ould Abdelaziz : le développement indispensable pour couper l’herbe sous le pied au jihadisme. L’AFD a cofinancé la centrale mixte solaire de Kiffa, mais ses autres projets ne sont pas nombreux, hormis la contribution à l’électrification de la wilaya du Hodh Ech Chargui.
Victime de ses succès
On comprend que la Mauritanie se sente mal récompensée pour ses efforts. Paradoxalement, à cause de ses succès : plus un seul attentat sur son sol depuis plus de huit ans, reprise du tourisme depuis décembre 2017, constitution d’un bataillon consacré au G5 et installation de son PC à Néma, accueil de militaires des quatre autres pays au Groupement interarmes d’Atar, ouverture en septembre de l’École de guerre du G5 (une fois ses enseignants formés par des militaires français)…
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Bien que la Mauritanie ait fait plus que sa part dans la sécurisation régionale, la France et l’Europe ne semblent avoir d’yeux que pour le Mali et le Niger, ou plus exactement pour la « zone des trois frontières » (Burkina Faso, Mali et Niger), où l’insécurité est permanente.
Le bon élève n’est pas récompensé et en éprouve de l’amertume. Comme le dit un ministre, « tant qu’il n’y aura pas de force crédible, nous ne bougerons pas et nous n’irons pas nous battre à la place des Maliens ».