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Mauritanie : bouffée d’air frais
En Mauritanie, les événements se répètent. Certains, comme la sécheresse, qui l’a déjà affectée à plusieurs reprises, sont douloureux. En 2017, elle a « brûlé » ses pâturages et appauvri encore un peu plus ses éleveurs, contraints de brader leurs troupeaux.
D’autres sont heureux. Après l’organisation, il y a deux ans, du sommet de la Ligue arabe (qui ne fut cependant qu’un demi-succès), Nouakchott accueille cette année le 31e sommet de l’Union africaine. L’occasion pour la capitale de moderniser 22 km de voiries, de faire disparaître les ordures de son centre-ville (déjà privilégié) et de s’offrir un deuxième centre de congrès, non loin de son nouvel aéroport.
Même si on se fait un peu de souci pour l’hébergement des quelque 3 000 invités au sommet – on recense 1 500 lits hôteliers à Nouakchott –, la Mauritanie va être pendant plusieurs jours l’œil de l’Afrique.
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Premier prix de la sécurité
« L’œil de l’Afrique »… C’est aussi le nom du phénomène géologique appelé « structure de Richat », un embryon de volcan finalement avorté il y a 100 millions d’années près de Ouadane (Adrar), dont les plissements concentriques sont parfaitement visibles depuis les stations spatiales. Ses 50 km de diamètre vont pouvoir à nouveau époustoufler les touristes, comme ils ont enchanté Théodore Monod au siècle dernier.
La Mauritanie a été en partie retirée de la « zone rouge » dressée par le ministère français des Affaires étrangères
En effet, il y a aussi du neuf dans le désert avec le retour des touristes dans le Nord. Premier prix de la sécurité dans le Sahel, la Mauritanie a été en partie retirée de la « zone rouge » dressée par le ministère français des Affaires étrangères. Après neuf années d’abstinence, l’atterrissage des charters à Atar permet aux touristes de gravir les dunes ocre ou dorées, dans les pas du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
Une fin d’année passionnante
Ce neuf d’ordre psychologique et économique s’accompagne de la promesse d’un renouveau politique. En effet, les élections législatives, régionales et municipales prévues au début de septembre réservent bien des surprises, le scrutin à la proportionnelle et le nomadisme politique des Mauritaniens aidant. Prélude à l’élection présidentielle de 2019, à laquelle le président Mohamed Ould Abdelaziz a confirmé – promis, juré – qu’il ne se présenterait pas, elles rebattront les cartes politiques comme jamais et, espérons-le, dans un climat relativement pacifié. La fin de l’année s’annonce passionnante.
Pour le plus neuf encore, il faudra attendre 2021, quand le champ gazier offshore de Grand Tortue, sur la frontière avec le Sénégal, fournira ses premiers mètres cubes de gaz. Le projet avance sans blocage, le partage des gains est acté, et les responsables mauritaniens rêvent aux nombreux mégawattheures qu’il sera possible de produire et de vendre au Mali ou à la Guinée avec ce gaz.
Ce qui serait encore plus neuf, ce serait que ce pactole soit géré de façon transparente, de telle sorte qu’il profite aux générations futures, mais aussi à tous les Mauritaniens. Et qu’il ne cannibalise pas une économie toujours majoritairement rentière, donc fragile et source d’inégalités.