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Côte d’Ivoire : deuxième souffle
Un reportage sur les décorateurs de taxis de Treichville, une enquête sur les apprentis gbaka – des enfants que l’on voit dans ces minibus très populaires –, une immersion parmi les fous d’Abidjan, un roman-photo ou encore une sélection de disques de musique ivoirienne des années 1970-1980, le magazine Nice raconte la capitale économique sur papier glacé. Distribué à 2 000 exemplaires depuis mi-avril, ce journal, élaboré dès janvier 2017, mêle information et création artistique.
Conçu grâce au travail de l’association Klaym, consacrée à la formation de jeunes photographes et graphistes africains, Nice présente le travail d’une quinzaine d’artistes ivoiriens, principalement photographes. Certains sont déjà connus du grand public, tel Kader Diaby, mais la majorité se lance à peine. Les uns sont spécialisés dans les mariages, d’autres travaillent pour des studios.
Il y a des étudiants, des autodidactes. Tous ont suivi une formation payante (65 000 F CFA, soit 100 euros) de plusieurs semaines encadrée par Klaym pour perfectionner leur pratique, à l’issue de laquelle ils ont réalisé le magazine, assistés par des professionnels ivoiriens et étrangers.
« Conserver l’esprit de la photographie du quotidien »
« Nous voulions mettre en avant cette génération très connectée, très fière de ses racines et qui a envie de voir le monde tout en s’inspirant de ses traditions. Graphiquement, l’idée était de conserver l’esprit de la photographie du quotidien, celle des vieux studios photo, pour en faire une signature », explique Flurina Rothenberger, cofondatrice de Klaym et rédactrice en chef du magazine Nice.
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Le magazine parvient à capturer l’énergie d’Abidjan, son paysage urbain en mutation permanente, sa diversité et ses contradictions. Une ville « à la fois sombre et joviale », encore marquée par les stigmates des dix années de crise politico-militaire, comme l’écrit le jeune photographe de mode Dadi.
Initiatrice du projet, Flurina Rothenberger espère que cette initiative participera à la redynamisation de la photographie en Côte d’Ivoire. « Il est très difficile pour les jeunes artistes africains d’accéder aux marchés locaux et internationaux, remarque cette photographe suisse qui a grandi à Abidjan. Les concours sont généralement en anglais, ce qui est un problème pour les francophones. Une grande partie de leur travail passe inaperçu. » L’artiste suisse compte renouveler l’expérience lancée à Abidjan dans les plus grandes métropoles du continent, du Caire à Addis-Abeba en passant par Johannesburg.