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Côte d’Ivoire : deuxième souffle
La Côte d’Ivoire compte 6,3 millions d’électeurs pour une population de plus de 25 millions de personnes. C’est bien peu, comparé aux 16 millions d’électeurs ghanéens. Il va donc sans dire que la révision de la liste électorale, du 18 au 24 juin, revêt une importance primordiale pour la démocratie. Elle est également stratégique, ce que bon nombre de partis et d’acteurs politiques ont bien compris.
Manque de représentativité
Engagés dans une lutte pour le pouvoir aux allures de poker menteur, le Rassemblement des républicains (RDR) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ont multiplié les visites sur le terrain pour appeler leurs militants à s’approprier cette opération.
Mais cette révision ne réglera malheureusement pas complètement le problème de la représentativité du corps électoral. D’abord parce qu’elle ne dure qu’une semaine. Ensuite parce que l’opposition n’y participera pas dans son intégralité. Conscients que le pouvoir s’acquiert par les urnes, plusieurs partis ont appelé leurs militants à s’enrôler sur la liste.

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C’est le cas du mouvement Liberté et démocratie pour la république (Lider), de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, de l’Union républicaine pour la démocratie (URD), dirigée par Danièle Boni-Claverie, et du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (RPP), de Ouattara Gnonzié.
Appel au boycott
Les partisans de Laurent Gbagbo ont, eux, décidé d’appeler au boycott. La puissante frange du Front populaire ivoirien (FPI) menée par Aboudramane Sangaré estime que la révision de la liste électorale est une « décision inopportune et dangereuse pour la démocratie ».
Même chose pour Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), la plateforme politique regroupant une dizaine de formations, dont le FPI de Sangaré. « Les opérations d’enrôlement sur les listes électorales se feront lorsque la CEI [Commission électorale indépendante], dirigée par le très controversé Youssouf Bakayoko, aura été reformée », a déclaré son président, le professeur Georges Armand Ouégnin.
Cet appel au boycott laisse imaginer que cette aile de l’opposition ne participera pas aux élections locales. Et s’il est respecté, il maintiendra une partie des Ivoiriens hors du jeu politique, pour le plus grand plaisir d’un pouvoir qui pourra continuer à le contrôler.
Une situation qui ne devrait pas évoluer tant que toutes les questions portant sur le processus électoral, telle la composition de la CEI, n’auront pas été franchement débattues.