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Côte d’Ivoire : deuxième souffle
Jeune Afrique : La Côte d’Ivoire veut faire de l’industrie un pilier de sa croissance. Avec quels mécanismes et à quelle échéance ?
Souleymane Diarrassouba : Le pays doit exporter des produits finis et consommer les produits manufacturés localement. Des complexes industriels sont en cours de création. La Côte d’Ivoire a l’avantage de pouvoir s’appuyer sur un tissu industriel relativement important dans le commerce interafricain.
En 2017, l’industrie a représenté 27,8 % du PIB, et nous voulons atteindre 30 % en 2020. Nous avons adopté une stratégie qui vise à accroître de façon significative la contribution du secteur industriel à la création de richesses et d’emplois.
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Mais, en 2018, la Côte d’Ivoire a exporté encore plus de matières premières brutes. Comment inverser cette tendance ?
Notre stratégie porte sur le développement agro-industriel de nos filières clés, afin de transformer localement 50 % de notre production de cacao et d’anacarde par exemple. Nous avons mis en place divers mécanismes, avec les broyeurs, pour les inciter à augmenter leurs capacités.
Nous voulons transformer localement 50 % de notre production de cacao et d’anacarde
Nous voulons aussi améliorer notre outil industriel autour de la métallurgie, l’aciérie, la chimie et la cimenterie. Grâce à nos réformes, l’industrie a enregistré un taux de croissance moyen de 11 % entre 2012 et 2015. Il devrait atteindre 9,5 % en 2018. Elle emploie environ 800 000 personnes, pour un chiffre d’affaires annuel de 8 000 milliards de F CFA [12,2 milliards d’euros].
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Comment assurer la compétitivité de l’industrie ivoirienne ?
Nous avons fondé une agence spécifique pour traiter cette question, en liaison avec le secteur privé. L’objectif est d’identifier les facteurs qui permettront à nos entreprises d’être au niveau. La BAD nous soutient dans ce programme.
Quelle est votre stratégie envers les PME ?
Leur développement est l’un des axes forts de la transformation économique de notre pays. Il évitera à la Côte d’Ivoire d’exporter ses emplois chez ses voisins. Plus de 90 % de notre tissu industriel et commercial est constitué de PME, qui représentent 12 % du PIB. Nous voulons faire en sorte qu’il crée entre 300 000 et 400 000 postes à l’horizon 2020.
Aujourd’hui, 20% de la commande publique est affectée aux PME pour les rendre plus performantes. L’État a mis en place un cadre fiscal approprié et a lancé un vaste programme axé sur les questions de l’accès au financement, de l’aide à l’entrepreneuriat, de l’innovation et de la formation.
Nous avons créé une agence de suivi, Côte d’Ivoire PME, qui, de façon transversale, veillera à l’amélioration des performances de nos PME. Pour rendre notre croissance encore plus inclusive.