C’est un projet ambitieux parti d’un constat criant : au sortir de la crise postélectorale en avril 2011, les universités de Côte d’Ivoire, publiques comme privées, pouvaient à peine recevoir les 250 000 étudiants que comptait alors l’enseignement supérieur.
Dès l’année universitaire 2012, alors que les deux universités publiques d’Abidjan – Nangui-Abrogoua (à Abobo et à Adjamé) et Félix-Houphouët-Boigny (à Cocody) – étaient fermées pour réhabilitation, le gouvernement a transformé les unités régionales de l’enseignement supérieur (Ures) de Daloa (Centre-Ouest) et de Korhogo (Nord) en structures autonomes, augmentant ainsi leur capacité d’accueil. Mais c’est en 2014 que le gouvernement du président Alassane Ouattara a effectivement mis en place une réforme plus ambitieuse.
L’université est une richesse de la ville où elle est implantée
Lancé dans le cadre du Programme de décentralisation des universités (PDU), ce projet a le mérite de couvrir l’ensemble du territoire national et de décongestionner Abidjan, la capitale économique, qui abritait jusque-là l’essentiel des grandes écoles supérieures et universités publiques.
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« Il s’agit d’une vraie politique, au sens noble, d’aménagement du territoire, qui consiste à donner une impulsion au développement local en dotant les capitales régionales d’investissements forts. Une université qui s’implante dans une ville secondaire, ce sont des enseignants, du personnel d’encadrement technique, des étudiants, bref, une nouvelle population qui arrive. Donc de la richesse », souligne Macky Dembélé, coordonnateur du PDU.
13 universités concernées
Au total, treize universités sont concernées par cette réforme, y compris les cinq premières créées par les présidences antérieures et depuis rénovées : Félix-Houphouët-Boigny (Cocody), Nangui-Abrogoua (Abobo et Adjamé), Alassane-Ouattara (Bouaké), Jean-Lorougnon-Guédé (Daloa), Péléforo-Gbon-Coulibaly (Korhogo).
80 000 à 100 000 bacheliers par an
Chacune disposera d’un campus de près de 300 ha pour une capacité, à terme, d’au moins 20 000 étudiants. L’objectif est de pouvoir accueillir une partie de plus en plus importante des 80 000 à 100 000 bacheliers qui viennent frapper, chaque année, aux portes de l’enseignement supérieur.
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Après l’ouverture de l’université de Man (Ouest) en février 2017, la construction des universités de Bondoukou (Nord-Est) et de San Pedro (Sud-Ouest) est attendue pour 2020.
Coût du projet : 66,7 milliards de F CFA
Si l’appel d’offres concernant cette dernière est encore en préparation, celui portant sur la construction de la première a été lancé en décembre 2017 par le gouvernement. Coût du projet : 66,7 milliards de F CFA (plus de 100 millions d’euros) obtenus par le gouvernement sous la forme d’un prêt non concessionnel accordé par la Banque islamique de développement.
À plus long terme, les futures universités décentralisées devraient coûter beaucoup plus cher. Faute de structures, les investissements pourraient s’élever à plus de 180 milliards de F CFA pour chacune. Leur ouverture va s’échelonner à partir de 2020 pour accueillir à leur tour des milliers d’étudiants à Abengourou (Est), Adiaké (Sud-Est), Dabou (Sud), Daoukro (Centre-Est) et Odienné (Nord-Ouest).
Formations… très spécialisées
Prévue pour être bâtie en trois étapes sur 970 ha, l’université d’Adiaké va former aux métiers du cinéma, de l’industrie culturelle, des arts et du sport, entre autres.
À Daoukro, les 400 ha du futur campus accueilleront des étudiants en génie civil et industriel, en climatologie et en agriculture. La faculté d’Abengourou, qui doit s’étendre sur 400 ha, proposera pour sa part des formations en sciences de l’éducation et en santé, mais aussi en agriculture et en aviculture. Odienné devrait également occuper 400 ha et dispenser un enseignement portant sur diverses techniques de la production animale et de l’agro-industrie.
Enfin, à Dabou, des programmes sur les secteurs des mines et de l’énergie, mais aussi sur l’industrie du bois et de la pêche sont annoncés. La superficie du campus n’est pas encore définie.