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Côte d’Ivoire : deuxième souffle
Après avoir misé sur l’or pendant plusieurs années, la Côte d’Ivoire a trouvé un nouveau filon : les minerais rares exploités à grande échelle. En donnant, mi-avril, le premier coup de pioche à Bongouanou, dans le Centre-Est, le vice-président Daniel Kablan Duncan a permis au pays de rejoindre le club des exportateurs de nickel et de bauxite.
Développé par Lagune Exploitation (LEA), une junior ivoirienne contrôlée par l’homme d’affaires Moumouni Bictogo, le projet vient d’entrer en production, et les premières exportations sont attendues avant la fin de 2018.
Le temps nécessaire pour mobiliser toutes les ressources financières requises. « Nous sommes obligés de nous tourner vers des banques extérieures et des fonds pour financer la mine. Les établissements locaux traînent le pas », a confié Moumouni Bictogo, qui table sur une production annuelle de 315 000 tonnes de bauxite calcinée d’une teneur en alumine de 80 %, pour une cadence d’extraction de 750 000 t.
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Le coût global du projet de Bongouanou, aux réserves estimées à 32,5 millions de tonnes, est de 218 milliards de F CFA (332,3 millions d’euros).
Il sera décliné en trois phases. La première a déjà débuté et nécessitera 26,1 milliards de F CFA pour les travaux d’exploration complémentaire et la construction d’une unité de calcination de la bauxite.
42 milliards de FCFA pour la réalisation d’un tronçon ferroviaire
L’État, qui va engranger plus de 42 milliards de F CFA de recettes fiscales au passage, recommande à LEA de réfléchir, à plus long terme, à la réalisation d’un tronçon ferroviaire qui se connecterait à celui de la Sitarail à Tiémélékro, pour faciliter le transport des minerais vers Abidjan, et surtout éviter d’engorger davantage les axes routiers.
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Moteur de croissance
Le second programme d’extraction massive de nickel porte sur les gisements de Foungbesso, de Moyango et de Viala, tous trois situés dans la région du Bafing, dans l’Ouest. L’État a attribué la propriété de ces derniers à la Compagnie minière du Bafing (CMB), fondée sur les cendres de Nickel de l’Ouest Côte d’Ivoire (Noci), qui s’était occupée des recherches et des travaux d’exploration.
Le projet est très avancé. Plus de 100 000 tonnes ont déjà été extraites et exportées vers le port autonome d’Abidjan depuis août 2017. CMB prévoit d’investir 220 milliards de F CFA sur vingt ans pour valoriser le site, qui pourrait rapidement produire jusqu’à 2 millions de tonnes de nickel par an. La compagnie compte ensuite construire une usine de transformation de nickel à Biankouma pour 90 milliards de F CFA. Comme pour répondre à la volonté gouvernementale de tirer le meilleur parti d’un secteur en passe de devenir le moteur de croissance de l’économie ivoirienne.
Un secteur extractif en effervescence
• 164 permis de recherche et d’exploitation attribués à fin 2017
• 25,3 tonnes d’or produites en 2017
• 5 mines d’or exploitées
• Plus de 510 000 tonnes de manganèse produites en 2017
• 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2017