
Democratic Republic of Congo’s President Joseph Kabila (C) meets Republic of Congo President Denis Sassou Nguesso (L) and Angola’s President Joao Lourenco (R) at the State House in Kinshasa, Democratic Republic of Congo February 14, 2018. REUTERS/Kenny Katombe - RC14D39C54B0 © Kenny Katombe/REUTERS
La position affichée par l’Angola dans la crise en RDC est claire : les élections de décembre doivent avoir lieu. Mais à Kinshasa, on affirme que les choses sont plus complexes.
À deux reprises ces derniers mois, la crise congolaise a été au cœur des préoccupations : en février à Kinshasa, lors d’une rencontre entre Joseph Kabila, Denis Sassou Nguesso et João Lourenço, puis à Luanda en avril, lors d’un sommet extraordinaire de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
L’optimisme des communiqués officiels, qui affirment que le processus électoral est en bonne voie (les élections sont prévues le 23 décembre prochain), ne serait qu’un moyen de ne pas rompre le dialogue avec un président congolais isolé, désormais privé du soutien du Sud-Africain Jacob Zuma et du Zimbabwéen Robert Mugabe.
Posture délicate
En coulisse, la France ne semble plus croire en la volonté de Joseph Kabila de céder les rênes du pays. Selon Paris, le fait que le nouveau pouvoir angolais n’ait pas hésité à s’attaquer au clan dos Santos malgré les dispositions prises par l’ancien président pour se prémunir contre d’éventuelles poursuites ferait douter Joseph Kabila.
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L’Angola peut-il malgré tout jouer un rôle ? Sa posture est délicate. Soutien historique des Kabila père et fils, avec pour leitmotiv la stabilité de son voisin afin de garantir sa propre sécurité, Luanda pourrait perdre patience. Les dizaines de milliers de réfugiés qui affluent à la frontière mettent à cran les autorités.
Luanda subit la pression de certaines capitales occidentales, mais elle sait faire la part des choses entre ingérence et conseil fraternel
Et le ministre angolais des Affaires étrangères, Manuel Domingos Augusto, l’a affirmé à plusieurs reprises : les élections de décembre doivent avoir lieu. Le 25 avril, João Lourenço s’est néanmoins entretenu pendant près de deux heures avec son homologue congolais en marge du sommet de la SADC.
À Kinshasa, on affirme que, « contrairement aux apparences ou à ce que les médias font paraître, les relations sont au beau fixe », selon les mots d’un proche de Léonard She Okitundu, le ministre congolais des Affaires étrangères. Et d’ajouter : « Lourenço est plus intéressé par le développement des relations économiques entre nos deux pays. Certes, Luanda subit la pression de certaines capitales occidentales, mais elle sait faire la part des choses entre ingérence et conseil fraternel. »
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