- Définir une stratégie globale de croissance
Le Maroc n’a pas de document de politique générale. Ce n’est pas le seul pays, mais c’est étonnant pour un État qui a adopté plus d’une dizaine de stratégies sectorielles avec des horizons assez lointains. Ce support permettrait de donner des orientations fédératrices à moyen terme et d’assurer la cohérence des différentes politiques. Son intérêt est d’assurer la continuité de la vision stratégique au-delà de la durée de vie du gouvernement en place.
Ces dernières années, le royaume a fait un effort important en matière de gouvernance budgétaire, mais celle-ci doit encore être améliorée. Les investissements publics représentent près des deux tiers des investissements réalisés, et leur pertinence est régulièrement questionnée. Cela passe par une accélération de la mise en œuvre de la loi organique relative à la Loi de finances adoptée en juin 2015.
- Mieux évaluer les projets étatiques
Ce n’est pas un secret : le système d’évaluation des politiques publiques est largement perfectible. Cela tient à la conception même des projets pour lesquels on n’identifie pas toujours en amont les critères permettant de suivre leur mise en œuvre. Ce manque rend impossible la révision d’une stratégie à mi-parcours quand le besoin s’en fait sentir.
Entre 1985 et 2000, le Maroc a consacré moins de 5 % de son PIB aux dépenses d’éducation. Le pays a eu beau doubler son effort depuis, le retard pris est considérable. 60 % de la population active n’a pas de diplôme. 6 % des élèves du secondaire suivent une formation professionnelle, quand ils sont 20 % en Turquie.
L’école ne pourra pas corriger le tir, et il est nécessaire de développer encore plus que cela n’a été fait la formation professionnelle, si possible en lien avec le secteur privé.
- Doper la compétitivité des entreprises
La faiblesses des entreprises est un point noir de l’économie nationale. Parmi les obstacles à leur compétitivité : la difficulté à accéder au foncier, le manque de personnels qualifiés disponibles, mais aussi le manque d’investissements en recherche et développement. Le Maroc y consacre 0,8 % de son PIB quand en moyenne ce chiffre atteint 2,3 % au sein de l’Ocde.
- Faciliter la circulation des biens et des personnes
L’activité économique est largement concentrée autour de quelques pôles bien reliés : Casablanca, Rabat, Kénitra, Tanger. Dans les autres régions, malgré les efforts consentis par l’État, il reste beaucoup à faire pour faciliter la logistique des entreprises et, entre autres, leur permettre de développer de nouveaux bassins d’emplois.
- Donner de l’emploi aux femmes
Si le taux de scolarisation des jeunes filles au lycée est plus élevé que celui des garçons, moins d’un quart des femmes en âge de travailler occupe un emploi. Ce taux est même en baisse ces dernières années. Mieux les intégrer au marché de l’emploi est essentiel pour créer davantage de richesse, mais aussi participer à la libéralisation de la société.
- Développer l’investissement privé
Si l’investissement représente environ 30 % du PIB chaque année, l’effort de l’État (18 % du PIB) masque la faiblesse de la participation du secteur privé. Un mal récurrent dans nombre d’économies africaines.
- Favoriser la création d’entreprises
Environ 230 000 nouveaux actifs arrivent chaque année sur le marché du travail et, dans le meilleur des cas, le royaume crée 130 000 emplois (REM : il mes semble que le chiffre de l’an dernier est encore plus faible). Développer l’entrepreneuriat est l’une des réponses permettant de combler ce retard.
Cela doit aller de pair avec des dispositifs de soutien aux sociétés pour les aider à prendre plus de risques pour développer leur activité (en facilitant l’accès au capital, l’adoption de nouvelles technologies…).