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Élections : l’Afrique progresse-t-elle ?
« Chez nous, impossible de frauder », se vantait Alieu Momar Njie, président de la Commission électorale indépendante, lors de la dernière présidentielle, en décembre 2016. Les faits lui ont donné raison. Contre toute attente, Yahya Jammeh a été défait dans les urnes par Adama Barrow grâce, en partie, à un système électoral dont il n’avait sans doute pas mesuré l’efficacité.
Parler d’urnes est d’ailleurs excessif. Mieux vaudrait évoquer des bidons. Car depuis l’indépendance, les Gambiens ne votent pas avec des bulletins de papier, mais avec des billes. Le jour J, les électeurs se présentent dans leur bureau de vote. On leur remet une bille, puis ils se rendent dans un espace clos où sont disposés des bidons métalliques correspondant aux différents candidats.
Sonnette de bicyclette
Lors de la dernière présidentielle, ils avaient donc le choix entre trois « urnes » : une pour Jammeh, une pour Barrow et la dernière pour Mama Kandeh. Toutes étaient peintes aux couleurs du parti du candidat et agrémentées de sa photo. L’électeur glissait alors sa bille dans le bidon de son choix et, pour prévenir toute fraude, une sonnette de bicyclette se faisait entendre à son passage. Pour éviter tout problème, les vélos avaient été interdits à proximité des bureaux de vote.
Ce système original présente de nombreux avantages, dont celui de rendre plus difficile le bourrage des urnes. Il est en outre moins onéreux puisque les billes sont réutilisables d’un scrutin à l’autre, contrairement aux bulletins papier. Mais il a aussi ses limites. Le départ de Jammeh a suscité une renaissance démocratique qui pourrait se traduire par plusieurs centaines de candidatures aux prochaines élections locales, le 12 avril.
Dans ces conditions, le système « à billes » tournerait vite au casse-tête logistique : comment disposer un bidon par candidat dans chaque bureau de vote ? Les responsables de la Commission électorale indépendante n’excluent donc pas de se tourner vers le système papier.