Maroc – Sahara occidental : les Joumani, un bernouss et des privilèges

Famille historique du Sahara, les El Joumani étaient déjà puissants lors de l’occupation espagnole. Khatri Ould Sidi Saïd El Joumani fut l’une des figures tutélaires de ce clan dont l’un des membres siège en tant que député du Parti Authenticité et Modernité (PAM).

Quartier populaire de la ville de Dakhla, au Sahara occidental (Maroc) © Vincent Fournier/JA

Quartier populaire de la ville de Dakhla, au Sahara occidental (Maroc) © Vincent Fournier/JA

fahhd iraqi

Publié le 1 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Quartier populaire de la ville de Dakhla, au Sahara occidental (Maroc) © Vincent Fournier/JA
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Maroc : les cinq familles qui comptent au Sahara occidental

Au lendemain de la récupération du Sahara occidental en 1975, Rabat s’était appuyé sur une élite du cru pour défendre sa cause. Choyées par le Palais, ces figures locales continuent de servir d’atout diplomatique.

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À quelques jours du lancement de la Marche verte, Hassan II organise une réception spéciale en l’honneur de l’un des plus puissants notables de la tribu des Reguibat. Khatri Ould Sidi Saïd El Joumani prête allégeance devant les médias à Hassan II, qui le couvre de son bernouss en lui lançant : « Je n’ai jamais reçu un Marocain comme je vous reçois. »

La scène en dit long sur l’influence de ce seigneur du Sahara qui siégeait déjà au Cortes espagnol comme député. Mais cela explique aussi que le personnage soit devenu le bouffon sahraoui attitré dans les histoires drôles où citer Hassan II pouvait être toléré dans le Maroc des années 1980.

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Blague et privilèges

La première blague autour du personnage d’El Joumani est d’ailleurs un prolongement de cette réception royale. El Joumani, couvert du bernouss de Hassan II, murmure au monarque : « Seigneur, y a moyen d’avoir un pantalon pour la daronne ? » Les frasques du nomade sonneront pendant des années comme une thérapie populaire pour mieux accepter les privilèges accordés au Sahara, objet à l’époque d’un impôt spécifique.

Et des privilèges, la famille El Joumani en a évidemment bénéficié, comme les plus grands clans du Sahara. Et elle a su les faire fructifier au fil des années. La famille détient encore aujourd’hui une participation de 23 % dans le capital de la première compagnie de transport de passagers au Maroc, la CTM, outre d’autres agréments. Elle est également réputée pour être la propriétaire du cheptel de chameaux le plus important en Afrique du Nord.

Les œuvres caritatives du clan El Joumani sont également nombreuses : d’importantes sommes sont distribuées à l’occasion de la zakat (aumône légale) aux familles les plus nécessiteuses de la tribu des Reguibat. De quoi entretenir l’héritage politique de Khatri, qui se perpétue à travers d’autres figures du clan, lesquelles n’ont cessé de décrocher des mandats d’élus dans le Sahara marocain.

Le plus en vue actuellement n’est autre que Sidi Salouh El Joumani, actuel président de la commune urbaine de Dakhla. Il y a aussi Mohamed Salem El Joumani, député du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Sidi Mokhtar El Joumani, président de la Chambre des pêches maritimes de l’Atlantique Sud, ou encore Brahim El Joumani, un ancien séparatiste revenu après l’amnistie accordée par Hassan II.

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