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Sénégal : les trublions de la République
En 2005, le blogueur et opposant tchadien Makaïla Nguebla trouve refuge au Sénégal. Sous le règne d’Abdoulaye Wade, il y reconstruit sa vie, même si jamais il n’obtient le statut de réfugié politique auquel il aspire. Mais, en 2012, la pression s’accentue : « J’ai été convoqué une première fois par la DST, qui m’a interrogé sur mon statut administratif, mon parcours, mes fréquentations. »
Le 6 mai 2013, le ministre tchadien de la Justice arrive à Dakar, où se tiendra deux ans plus tard le procès de l’ancien président Hissène Habré. « On m’a fait comprendre que mon cas serait sans doute évoqué en haut lieu », relate le blogueur, dont les critiques à l’égard du régime tchadien ne s’embarrassent pas de nuances. Dès le lendemain, Nguebla est expulsé vers la Guinée, puis gagne la France, où il a depuis refait sa vie.
Le cas Kemi Seba
En 2017, le Franco-Béninois Kemi Seba connaît une mésaventure similaire. Installé à Dakar depuis 2011, après avoir alimenté la controverse en France, il est devenu un polémiste prisé dans une émission de télévision à forte audience. « Certaines personnes proches du pouvoir comme de l’opposition me félicitaient alors pour mes interventions », résume-t-il.
Mais, à partir de 2017, son engagement dans le front anti-franc CFA change la donne. Après avoir brûlé symboliquement en public un billet de 5 000 F CFA à Dakar, en août 2017, il est incarcéré, puis jugé, relaxé et bientôt expulsé du Sénégal. « Quand je suis passé de la critique télévisuelle à la critique de terrain, en touchant la corde sensible du CFA, les autorités sénégalaises ont “pété un câble”, au risque de passer pour des vassaux du néocolonialisme. »