Sommet UA-UE : rebâtir ensemble

À l’occasion du Sommet UA-UE d’Abidjan des 29 et 30 novembre, Bruno Mettling, président du conseil des chefs d’entreprise France-Afrique de l’Ouest du Medef international et président d’Orange Afrique et Moyen-Orient, appelle à rebâtir « un partenariat d’une ampleur inégalée entre nos deux continents ».

La chancelière allemande Angela Merkel avec le président ivoirien Alassane Ouattara lors du « Partenariat G20 Afrique, investir dans un avenir commun », à Berlin, le 12 juin 2017. © Michael Sohn/AP/SIPA

La chancelière allemande Angela Merkel avec le président ivoirien Alassane Ouattara lors du « Partenariat G20 Afrique, investir dans un avenir commun », à Berlin, le 12 juin 2017. © Michael Sohn/AP/SIPA

bruno mettling
  • Bruno Mettling

    Bruno Mettling est président du conseil des chefs d’entreprise France-Afrique de l’Ouest du Medef International et président d’Orange Afrique et Moyen-Orient.

Publié le 29 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Lors du sommet UA-UE à Abdijan, le 29 novembre 2017. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA
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Sommet UA-UE : une nouvelle ère ?

Le « sommet UA-UE », premier du nom mais cinquième du genre, s’est tenu les 29 et 30 novembre à Abidjan. Retour sur les enjeux, les débats et les principales déclarations et décisions.

Sommaire

Avec la fin de l’accord de Cotonou en 2020, l’Europe est à un tournant de sa relation avec l’Afrique, et il est temps de bâtir un partenariat d’une ampleur inégalée entre nos deux continents.

Le Brexit entraîne de facto une réduction de 15 % du budget du Fonds européen de développement (FED) et éloigne de la relation européo-africaine l’un des pays les plus influents du continent. De son côté, l’Allemagne semble adopter une approche bilatérale en multipliant les annonces de plans et d’initiatives (Compact With Africa dans le cadre du G20, le plan Marshall pour l’Afrique, Pro! Afrika), dont le point de départ concerne les enjeux d’immigration.

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Le succès de nouveaux acteurs comme l’Inde, la Turquie ou encore la Chine, dont les parts de marché en Afrique ont été multipliées par 5 (de 3,5 % à 17,5 %) depuis 2000, est incontestable mais ne doit pas masquer certaines réalités.

Seules 20 % des contributions financières chinoises en direction de l’Afrique peuvent être considérées comme aide au développement (APD) au sens de l’OCDE, contre près de 90 % pour les États-Unis. La grande majorité de « l’aide financière » apportée par la Chine en Afrique est constituée de crédits-exports ou de prêts à des conditions de marché ; ce n’est pas critiquable en soi, il faut juste en être bien conscient et en apprécier les conséquences à moyen terme.

Réunir les secteurs privés

Face à cette évolution, le prochain dispositif européen pour l’Afrique doit impérativement intégrer mieux la contribution des secteurs privés des deux continents. à ce titre, le groupe de travail que j’ai l’honneur d’animer au Medef appelle notamment de ses vœux la création d’une plateforme de travail avec la Commission européenne, réunissant secteurs privés européen et africain.

La France a récemment promis de porter sa contribution à 0,55 % du PIB

Il s’agit d’abord de faire une évaluation lucide de l’accord précédent. L’Europe doit reconnaître que l’accord de Cotonou n’a pas eu tout l’effet escompté en matière de développement pour l’Afrique. L’efficacité des fonds alloués par le FED sous forme de dons et de dettes budgétaires est largement remise en question.

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Engager un partenariat de qualité

Le débat sur l’aide au développement se cristallise aujourd’hui sur le niveau de contribution des états. La France a récemment promis de porter sa contribution à 0,55 % du PIB, et les états européens sont poussés à s’aligner sur une contribution de 0,7 % du PIB, comme l’appelle le Consensus de Monterrey de 2002. Mais le débat sur la taille ne doit pas masquer le sujet fondamental de la qualité et de l’optimisation de l’emploi des fonds.

À ce titre, le concept d’aide au développement pour l’Afrique mériterait d’être reconsidéré au profit du terme de « partenariat » – sauf évidemment en cas de crises humanitaires ou sécuritaires – , et le dispositif d’appui financier européen doit évoluer avec la création de nouveaux outils porteurs d’un vrai partage des risques et faisant l’objet d’évaluations plus systématiques.

La Commission européenne doit se servir de son influence pour que ces exigences soient réellement imposées à tous les États

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Si des critères RSE [responsabilité sociale des entreprises] et éthiques doivent être inclus dans les appels d’offres pour les projets financés par les fonds européens, il appartient aussi à la Commission européenne de se servir de son influence pour que de telles exigences soient réellement imposées à tous les États qui entendent développer leur empreinte économique sur le continent.

Intégrer la transformation numérique du continent

Enfin, l’assiette des aides doit impérativement intégrer le bouleversement et les chances extraordinaires qu’induit la transformation numérique de l’Afrique, un enjeu crucial pour les deux continents. Cela ne concerne pas seulement les start-up africaines, qu’il faut bien entendu aider à émerger, mais aussi la transformation de tous les secteurs traditionnels.

Il n’y a de développement économique durable possible sans sécurité

Reconnaissons-le, l’état d’esprit des dirigeants, des acteurs économiques, des entreprises et des bailleurs de fonds doit impérativement intégrer – à rebours des infrastructures lourdes – ces nouvelles solutions légères, à même de permettre l’inclusion la plus rapide des populations, notamment dans le secteur bancaire, comme en témoigne le succès des services de mobile money.

Enfin, il n’y a de développement économique durable possible sans sécurité. C’est pourquoi l’Europe doit éviter toute tentation du repli et engager un vrai dialogue avec ses partenaires africains. C’est le message que nous porterons, en association avec nos homologues patronaux africains et européens, lors du Sommet UA-UE d’Abidjan des 29 et 30 novembre.

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