Bombardement à Bouaké : « Nous n’avions rien contre les Français »

Ange Gnanduillet et Patrice Oueï, les deux copilotes désignés des Sukhoi Su-25, ont toujours nié toute culpabilité dans le bombardement. JA vous livre leur unique témoignage.

Vue du camp Descartes à Bouaké après le bombardement du 6 novembre 2004. © PHILIPPE DESMAZES / AFP

Vue du camp Descartes à Bouaké après le bombardement du 6 novembre 2004. © PHILIPPE DESMAZES / AFP

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Publié le 4 août 2017 Lecture : 2 minutes.

Bouaké, la contre-enquête. © JA
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Bombardement de Bouaké : la contre-enquête

Le 6 novembre 2004, deux avions Sukoi de l’armée ivoirienne bombardaient le camp français de la force Licorne. Bilan : 10 morts et 38 blessés. Tournant du conflit politico-militaire ivoirien, ce drame aura également de lourdes conséquences sur les relations entre les deux pays. JA lève un coin du voile.

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Présentés comme les deux copilotes ivoiriens des Sukhoi Su-25 qui ont bombardé le lycée Descartes, Ange Gnanduillet et Patrice Oueï ont été entendus par le tribunal militaire d’Abidjan en novembre 2005, un an pile après les faits. Leurs auditions ont été versées au dossier judiciaire français. Devant les juges, le premier reconnaît avoir « fait partie de l’équipage qui est allé en mission à Bouaké le 6 novembre 2004. Nous avons respectivement traité le corridor est, la piscine, le bois de teck en face de l’Ensoa (École nationale des sous-officiers d’active)…

Notre intention n’était pas d’attaquer les forces impartiales, encore moins le camp français. Ce dernier est situé à proximité des zones traitées. S’il y a eu dégâts, ils ne peuvent qu’être accidentels. Nous n’avions rien contre les Français et n’avions pas reçu d’ordre de les bombarder. Je déplore cet incident, qui à mon avis ne peut être que considéré comme tel s’il a été commis par nos avions », déclare-t-il. De son côté, Oueï nie avoir été « aux commandes d’un avion le 6 novembre. J’avais d’autres charges liées aux missions à venir. J’étais le chef des pilotes de chasse. »

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« Personne n’a donné l’ordre de tirer »

Lui aussi dément une quelconque responsabilité : « Personne n’a donné l’ordre de tirer sur le cantonnement français, sur ce point je suis formel. Je recevais les ordres du commandant de théâtre des opérations, mais à aucun moment il ne m’a donné l’ordre de tirer sur le cantonnement français. J’ajoute que, lors de l’opération Dignité, les pilotes connaissaient l’emplacement de toutes les forces impartiales.

Si ce sont nos pilotes qui ont bombardé, cela ne peut provenir que d’une erreur, car le corridor est sur lequel se sont repliés les rebelles est très proche du lycée Descartes. Dans ce secteur se trouvent la piscine et le bois de teck occupés par les rebelles. C’est peut-être à cause de la proximité de ce lycée avec les endroits occupés par les rebelles que, par erreur ou par accident, le camp français a été touché. » Mais que « recherchaient les pilotes en survolant à plusieurs reprises le lycée ? » demandent les enquêteurs.

Les roquettes ont été tirées, on peut retrouver les impacts

« Le bois de teck dans lequel étaient cachés les rebelles était très proche du cantonnement français. Il était nécessaire pour nos pilotes d’effectuer ces passages afin de les débusquer, et cela ne pouvait se faire sans survoler le cantonnement qui naturellement était sur la trajectoire des avions », répond Oueï. « Les roquettes ont été tirées sur le bois de teck et sur la piscine. On peut retrouver les impacts à ces endroits. Le manque éventuel de précision est la conséquence d’une faute. »

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