L’incroyable résilience des Congolais

Voilà maintenant neuf mois que, dans les quartiers populaires de Kinshasa, capitale d’un pays au sous-sol immensément riche, la survie devient plus dure chaque jour, à mesure que chute le franc congolais. Neuf mois au cours desquels les incertitudes sur la succession du président Joseph Kabila n’ont pas été dissipées. La Constitution lui interdit de se représenter pour un nouveau mandat.

Des vendeurs de rue à Kinshasa, le 29 juin 2010 © John Bompengo/AP/SIPA

Des vendeurs de rue à Kinshasa, le 29 juin 2010 © John Bompengo/AP/SIPA

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  • Pierre Boisselet

    Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il écrit plus particulièrement sur l’Afrique du Sud, la RD Congo et le Rwanda. Anglophone, il s’intéresse aussi aux relations entre les États-Unis et l’Afrique, aux nouveaux « mouvements citoyens » du continent ainsi qu’à la Francophonie.

Publié le 2 août 2017 Lecture : 2 minutes.

Des enfants congolais s’entraînent à la boxe au stade Tata Raphael à Kinshasa, capital de la République démocratique du Congo, lieu mythique ou s’est déroulé le « combat du siècle » entre Mohamed Ali et Georges Foreman le 30 octobre 1974. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA
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La RDC, hors normes

Un échiquier politique illisible, des élections qui une fois encore risquent d’être reportées, une dépression financière sans précédent… Face aux incertitudes auxquelles ils sont confrontés, les Congolais semblent pourtant ne pas se résigner.

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Mais, comme l’horizon, le scrutin qui doit marquer son départ s’éloigne à mesure que les jours passent. Le pouvoir ne l’a pas organisé à la date initialement prévue (décembre 2016). Et l’a donc repoussé d’un an, d’un commun accord avec l’opposition.

Sauf que la date de décembre 2017 apparaît désormais impossible à tenir. Et bien malin qui peut dire, aujourd’hui, quand aura finalement lieu ce scrutin, ou même si le président a réellement l’intention de quitter son fauteuil.

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Le cocktail de ces deux crises, économique et politique, est bien sûr explosif. Mais le « grand soir » promis par l’opposition pour renverser la table est, lui aussi, constamment reporté.

À vrai dire, celle-ci peine à mobiliser les Congolais contre le pouvoir. Lequel fait, bien sûr, tout pour l’en empêcher. Il a froidement réprimé les manifestations dans les grandes villes, en septembre et en décembre 2016, anesthésiant de ce fait la contestation de rue pour plusieurs mois.

Il menace l’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré, de l’arrêter s’il ose rentrer de son long exil. Il recrute dans l’entourage de Félix Tshisekedi, qui peine à sauvegarder l’unité de son parti depuis le décès de son père, l’illustre opposant, Étienne, le 1er février dernier. Et c’est toute la classe politique congolaise qui risque de s’en trouver discréditée.

Hors de la capitale, la contestation est parfois plus directe : la région centrale du Grand Kasaï, la province occidentale du Kongo-Central, et, encore et toujours, l’est du pays, ont vu prospérer ces derniers mois des rébellions, réprimées, là encore, avec la plus grande fermeté.

Le scrutin qui doit marquer le départ de Joseph Kabila s’éloigne à mesure que les jours passent.

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Si légitimes soient les critiques contre la méthode, ces mouvements, souvent illuminés et tribalistes, sont souvent plus effrayants encore que les indisciplinées forces de l’ordre.

Les Congolais, qui n’ont guère connu de paix ces deux dernières décennies, n’ont à l’évidence pas envie de voir leur pays sombrer dans une nouvelle guerre civile. Alors ils patientent avec une incroyable résilience, montant avec des bouts de ficelle des projets pleins d’ambition.

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C’est peut-être trop peu pour permettre à ce pays de se redresser et d’atteindre enfin son potentiel, sans équivalent sur le continent. C’est cependant assez pour survivre, en attendant des jours meilleurs.

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