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Corruption en Tunisie : l’opération « mains propres » de Youssef Chahed
Originaire de Sfax, il a quitté l’école très tôt et ne parle que l’arabe. Débrouillard, fort en gueule, il convainc Imed Trabelsi de s’associer avec lui. Les deux hommes se lancent dans le commerce de bananes importées d’Amérique latine dans les années 2000 – c’est de là qu’il gagnera son surnom. Il étend ses activités à la promotion immobilière et à d’autres activités d’import-export.
La révolution de 2011 est une aubaine : les barons du marché parallèle n’ont plus de comptes à rendre au clan des Trabelsi et peuvent s’émanciper. Jarraya, qui a de solides connexions à Tripoli, fait de la Libye son nouveau terrain de jeu.
On ignore dans quelles circonstances exactes il s’est lié d’amitié avec l’islamiste Abdelhakim Belhadj, fer de lance de la rébellion armée contre Kadhafi, mais les deux compères deviennent inséparables. L’appui de Belhadj, devenu gouverneur militaire de Tripoli, sera déterminant pour entrer dans les bonnes grâces d’Ennahdha.
Gagner en notoriété
Dès 2012, Jarraya, dont la notoriété ne dépassait pas le cercle de sa ville natale, est une personnalité qui compte. Fanfaron, menant grand train, doté d’un culot à toute épreuve, l’homme connaît les faiblesses de ses concitoyens, et est persuadé – à raison – que l’argent peut tout acheter : les journalistes, les politiciens, et même les faveurs de la justice.
En 2013, il se mue en médiateur et veut favoriser un rapprochement entre les deux mastodontes de la scène politique, Ennahdha et Nidaa Tounes, dont une partie de l’appareil repose sur d’anciens cadres de l’ex-RCD de Zine el-Abidine Ben Ali.
Jarraya, qui ne perd jamais de vue ses intérêts, finit par basculer dans le camp de Nidaa, prend sa carte (il la rendra en 2015) et s’affiche ostensiblement aux côtés de Hafedh Caïd Essebsi, le fils du futur président tunisien. Même s’il se disait en froid avec Ennahdha, il a gardé précieusement ses amitiés libyennes. Jusqu’à sa chute…