
Samira Sawadogo, alias Inspectrice Mouna dans la série "Commisariat de Tampy", le 11 avril à Ouagadougou. © Sophia Garcia/Hanslucas.com pour JA
Révélée par la série « Commissariat de Tampy », la comédienne Samira Sawadogo dirige une agence spécialisée dans l’accueil en entreprise.
Beaucoup de gens continuent de l’appeler « inspectrice Mouna », du nom du personnage qu’elle incarnait dans la série Commissariat de Tampy, qui l’a révélée aux téléspectateurs de la chaîne publique RTB (et de YouTube).
Tourné de 2004 à 2012 à Gounghin, un quartier populaire de la capitale, ce feuilleton policier réalisé par Missa Hébié et produit par Faso Films a suivi pendant trois saisons le quotidien d’une enquêtrice à la forte personnalité, brillante et incorruptible, qui, tout en poursuivant son doctorat en criminologie, démêlait les affaires avec son jeune coéquipier, l’inspecteur Rock, un véritable don Juan joué par Sékou Oumar Sidibé.
Même si elle essaie de se lancer dans les affaires, Mouna a réussi à s’imposer en tant qu’actrice et elle fait partie de la relève du cinéma burkinabè
Entre 2012 et 2016, Samira Sawadogo s’est surtout consacrée à son travail d’agent commercial et à la création de son entreprise. Mais depuis 2016, la voilà de retour devant la caméra. En septembre, elle a tenu le rôle principal d’Odyssée (Taman Djan, en bambara), d’Issa Traoré de Brahima, et celui de la secrétaire de Michel Bohiri (acteur de la série ivoirienne Ma famille) dans la nouvelle fiction de Missa Hébié, Entre le cœur et la raison. Elle a aussi joué dans Ça tourne à Ouaga, un court-métrage de vingt-six minutes plein d’humour sur une équipe de tournage, réalisé par la chorégraphe Irène Tassembédo. Sorti en mars, il a été sélectionné pour le festival Vues d’Afrique 2017, à Montréal.
Comme le cinéma ne nourrit pas son homme, ni sa femme, je dois me diversifier. Ce qui ne me dérange pas : j’adore le métier d’entrepreneur !
La relève du cinéma burkinabè
« Même si elle essaie de se lancer dans les affaires, Mouna a réussi à s’imposer en tant qu’actrice et elle fait partie de la relève du cinéma burkinabè », estime le journaliste culturel Alassane Kéré, qui suit son évolution depuis une dizaine d’années. L’ex-inspectrice de fiction confie d’ailleurs concocter « un coup » cinématographique qui, s’il se concrétise, devrait lui permettre de franchir un nouveau palier. « On travaille sur un projet pour produire une série… Mais je ne vous donnerai pas plus de détails », murmure-t-elle, le regard espiègle.
Comme le cinéma ne nourrit pas son homme, ni sa femme, je dois me diversifier.
En attendant, elle s’apprête à passer un casting pour un nouveau rôle. « Comme le cinéma ne nourrit pas son homme, ni sa femme, je dois me diversifier. Ce qui ne me dérange pas : j’adore le métier d’entrepreneur ! » lance la jeune femme de 34 ans entre deux coups de fil et l’envoi d’un mail à un client. En véritable businesswoman, la fondatrice et directrice de l’agence Amazone déteste l’inaction.
Une première expérience chez Telecel Faso
Titulaire d’un BTS en gestion commerciale, Samira Sawadogo a travaillé pendant huit ans en tant que conseillère chez l’opérateur de téléphonie mobile Telecel Faso. « Cela a été une formidable expérience sur les plans professionnel et humain, qui m’a permis d’étoffer mon carnet d’adresses et, surtout, d’affiner mes compétences », dit-elle. Tout en jonglant entre son emploi et les tournages de la série, l’actrice a en outre créé Amazone, une agence de communication spécialisée dans l’accueil en entreprise et l’organisation d’événements, qui propose notamment un service d’hôtes et d’hôtesses bilingues.
C’est en octobre 2014 qu’elle a décidé de voler de ses propres ailes et de quitter Telecel pour se consacrer à son agence. Mais un événement politique inattendu a chamboulé ses plans. « Quelques jours après ma démission, l’insurrection populaire est arrivée. Mes proches se sont alors demandé pourquoi je ne retournais pas à mon ancien poste, mais j’étais convaincue de faire le bon choix, explique-t-elle. Même si les débuts n’ont pas été faciles, j’ai tenu. Et aujourd’hui, je peux dire que ça prend. »
En effet, avec de grands clients tels qu’Africa Mining, Bank of Africa-Burkina ou encore la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce, sa société, qui compte une vingtaine de collaborateurs, parvient à dégager des marges et un chiffre d’affaires annuel d’environ 25 millions de F CFA (38 000 euros). Fière d’être désormais membre du Club des hommes d’affaires franco-burkinabè, « inspectrice Mouna » espère séduire d’autres grands groupes internationaux.
Lire les autres articles du dossier
«Burkina Faso : l'art du rebond»
- Mais oui, le Burkina bouge !
- Burkina Faso : Roch Kaboré peut-il changer le Burkina ?
- Paul Kaba Thieba, la force tranquille du gouvernement burkinabè
- Burkina Faso - Alpha Barry : « Nos relations avec la Côte d’Ivoire ne peuvent être quelconques »
- Diplomatie : Côte-d'Ivoire et Burkina multiplient les rendez-vous
- Burkina Faso : terrorisme, passe ton chemin !
- Burkina Faso : la Ve République, c’est pour bientôt
- Burkina Faso : « La situation politique et économique est très difficile pour les Burkinabès »
- Burkina Faso : la Coder veut un forum préparatoire à la réconciliation nationale
- Burkina Faso : le parti de l'ex-président Blaise Compaoré reste dans la course
- Corruption et privilèges : au Burkina Faso, les mauvaises habitudes ont la vie dure
- Burkina Faso : une embellie économique méritée
- Burkina Faso : le chantier du barrage de Samendéni est relancé
- Burkina Faso : les bonnes recettes de la ministre Rosine Coulibaly
- Import-export : le Burkina tente de faciliter les passages en douane grâce au numérique
- Burkina Faso : « Kadhafi » et les défis de la Chambre de commerce et d’industrie
- Burkina Faso : « Il faut s’attendre à une chute de la production du coton à court et à moyen terme »
- Interview - Burkina Faso : Tidiane Barry « Nous sommes vecteur d’énormes attentes et de préjugés à la fois »
- Burkina Faso : les affaires en or des investisseurs (étrangers) miniers dans le secteur aurifère
- Burkina Faso : les mines et carrières ont désormais leur ministère
- Burkina Faso : les start-up sont de plus en plus soutenues
- Burkina Faso : Nafa Naana rend l'écologie accessible à tous
- Burkina Faso : FasoSoap, un savon antipalu bientôt homologué par l’OMS ?
- Burkina Faso : l'application Icivil permet de déclarer une naissance à distance
- Burkina Faso : Bifasor, futur Uber des professionnels de la logistique ?
- Burkina Faso : Jacigreen veut rendre utile les végétaux nuisibles
- Street Art : Marto réveille Ouagadougou avec ses dessins