
Le russe nordGold s'est hissé au rang de deuxième producteur dans le pays depuis l'entrée en exploitation du projet de Bouly, fin 2016. © NordGold
Dans la filière aurifère, l’extraction industrielle est en plein essor. En cinq ans, huit nouveaux sites sont entrés en exploitation. Canadiens, Russes, Turcs, Australiens… Les investisseurs sont au rendez-vous.
À la fin de l’année, une nouvelle mine d’or industrielle entrera en production dans le Tuy (à 100 km à l’est de Bobo-Dioulasso). Il s’agit de Houndé Gold Corporation, détenue à 90 % par le canadien Endeavour Mining et à 10 % par l’État burkinabè. Le groupe a investi 162 milliards de F CFA (247 millions d’euros) dans le développement de ce site de 23 km2, achevé aux deux tiers, pour une production attendue de 190 000 onces, soit plus de 5,39 tonnes d’or par an sur dix ans. Toujours à Houndé, le projet de Bouere-Dohoun, dont les réserves estimées sont de 7,8 tonnes d’or, a obtenu en décembre 2016 son permis d’exploitation.
Pour son redéploiement au Burkina Faso, Endeavour avait racheté en mars 2016 les 90 % de participation de son compatriote True Gold Mining dans le gisement de Karma (Nord), déjà en exploitation, avec des réserves prouvées de 1,1 million d’onces. Après avoir relancé l’extraction en octobre 2016, le groupe table sur une production de 100 000 à 110 000 onces pour 2017 et, grâce à de nouveaux forages, devrait prolonger la durée d’exploitation du site – à l’origine de moins de neuf ans – à plus de dix ans.
Nouveaux venus
En revanche, Endeavour a vendu en février 2016, pour plus de 25 millions de dollars (22,9 millions d’euros), sa participation de 90 % dans Burkina Mining Company (BMC), la société qui exploite le gisement de Youga, dans le sud-est du pays – 45 000 onces y ont été produites en 2016. L’acquéreur n’est autre que le groupe turc MNG Gold, qui avait déjà investi en 2015 au pays des Hommes intègres, en rachetant à l’australien Golden Rim, pour 10 millions de dollars, le gisement de Balogo (Centre-Ouest).
L’extraction a commencé fin 2016, et les minerais sont convoyés à Youga. En décembre 2016, MNG Gold a par ailleurs obtenu un permis d’exploitation pour sa filiale Netiana Mining Company, sur un site proche de Balogo, à Guiaro (Centre-Sud), dont les réserves sont estimées à 2,3 tonnes d’or. La mine devrait entrer en production d’ici à la fin de l’année, ce qui portera à dix le nombre de sites industriels exploités dans le pays, avec celui de Houndé.
Parmi les nouveaux venus, Roxgold Sanu, filiale locale du canadien Roxgold. Un an après avoir obtenu son permis d’exploitation à Yaramoko (Ouest), elle y a investi 180 millions de dollars et a lancé la production en juillet 2016, avec un objectif de 100 000 onces par an sur dix ans. Le groupe détient par ailleurs cinq permis de recherche dans le pays : à Houko (près de Yaramoko), à Solna, Teyanga et Yantara (Nord-Est) et à Boussoura (Sud-Ouest).
Enfin, la Société des mines de Sanbrado (Somisa), filiale de la junior australienne West African Resources, a obtenu mi-janvier un permis d’exploitation industrielle pour la mine à ciel ouvert de Sanbrado (ex-projet Tanlouka). Couvrant une superficie de près de 26 km2, elle devrait entrer en exploitation en 2019 pour une durée de sept ans, avec une production attendue de 150 000 onces par an.
Poids lourds
Pour le moment, les trois poids lourds en matière de production sont les filiales du canadien Iamgold à Essakane et de son compatriote Semafo à Mana, ainsi que celle du russe NordGold à Bissa. L’investissement le plus important reste celui de Iamgold Essakane SA, dans le Nord-Est : 408 milliards de F CFA, dont 228 milliards pour le développement du projet en 2009 et 180 milliards pour son extension en 2013.

Une centrale thermique d'une puissance de 57MW alimente le complexe d'Essakane, exploité par Iamgold © IAMGOLD
La mine a produit 377 000 onces d’or en 2016. Pour ce site, la réduction des coûts de production et la révision à la hausse des estimations de réserve contrebalancent l’épuisement des réserves existantes. Pour optimiser ses dépenses, Iamgold Essakane va notamment opter pour des économies d’énergie : l’entreprise vient de signer un accord avec Africa Energy Management Platform (AEMP) et Eren Renewable Energy pour ajouter une composante solaire de 15 MW à la centrale électrique au fioul de la mine.
Le russe NordGold s’est hissé au rang de deuxième producteur d’or du pays avec la mise en exploitation du projet de Bouly, en septembre 2016, un investissement de 140 millions de dollars (extraction par lixiviation). Située à 85 km au nord de Ouagadougou, cette nouvelle mine, dont la production attendue est de 120 000 onces par an pendant dix ans, est une extension du gisement de Bissa, que le groupe exploite depuis 2013 (186 000 onces en 2016).
NordGold vient par ailleurs d’allonger la durée de vie du site qu’il exploite depuis 2007 à Taparko, dans le Namantenga (Centre-Nord), via sa filiale, la Société des mines de Taparko (Somita). Grâce à l’entrée en exploitation de la mine de Bouroum, située à moins de 50 km et dont les minerais sont traités à Taparko, la Somita affiche une production de 111 200 onces en 2016, en hausse de 34 % par rapport à 2015. Une évolution qui devrait se poursuivre puisque NordGold a obtenu mi-janvier un permis d’exploitation industrielle pour trois ans sur un autre projet satellite dans la même zone, à Yeou.
Exploration
Quant à la filiale du canadien Société d’exploitation minière en Afrique de l’Ouest, Semafo-Burkina, elle détient la mine d’or de Mana, dans la province du Balé, à 260 km au sud-ouest de Ouagadougou. Troisième du pays par sa production, l’usine de Mana a livré 240 200 onces en 2016.
En décembre, le groupe a obtenu le permis d’exploitation pour une durée de sept ans de son projet de Natougou, dans la Tapoa (Est), et a engagé dans la foulée les travaux de développement, dont le coût total est évalué à 219 millions de dollars. Passées les premières coulées d’or, attendues dans le courant du second semestre de 2018, la production annuelle moyenne prévue est de 226 000 onces à partir de 2019 (pour des réserves estimées de plus de 36 tonnes). Semafo poursuit par ailleurs ses activités d’exploration sur ce site et à proximité de son complexe de Mana afin d’identifier des gisements satellites, ainsi que dans le secteur de Kongolokoro, dans le sud-ouest du pays, où il compte quatre permis de recherche.
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