
La jacinthe d'eau, la plante la plus invasive du monde © By Wouter Hagens (Own work) [Public domain], via Wikimedia Commons
Mariama Mamane, élève ingénieure de 26 ans développe actuellement un projet pour transformer la jacinthe d’eau, vermine des rivières et des lacs, en un engrais naturel et une source d’énergie.
C’est après une licence en biodiversité et gestion de l’environnement à l’université de Niamey, sa ville natale, que Mariama Mamane a intégré l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) de Ouagadougou, en 2013. Désormais en fin d’études, l’élève ingénieure de 26 ans consacre la plus grande partie de son temps à sa start-up, Jacigreen. En juin 2016, son projet a remporté le premier prix du concours Parcours entrepreneurs du 2iE, ce qui lui permet de développer sa petite entreprise au sein du Technopôle-2iE, l’incubateur de l’école.
Son projet est fondé sur la jacinthe d’eau, une plante néfaste pour la biodiversité aquatique, qui envahit les cours d’eau et les lacs ouest-africains. Mariama Mamane projette de transformer la plante en engrais naturel par un compostage en anaérobie. Le biogaz issu de ce processus est lui aussi utilisé : il est récupéré pour être transformé en énergie électrique.
« C’est un projet éco-innovant, qui contribue à l’assainissement de nos plans d’eau et rivières et à la promotion d’une agriculture écologique, tout en comblant le déficit énergétique, explique la jeune Nigérienne. Nous entendons produire 280 kWh, que nous rétrocéderons à la société nationale d’électricité au terme d’un accord tarifaire, commercial et technique. »
Une initiative reconnue
Jacigreen est dans la phase de modélisation des prototypes de biodigesteurs pour la fabrication de l’engrais. Parallèlement, une étude est en cours pour mieux cerner ses futurs clients, les producteurs du Burkina Faso, du Niger et de la Côte d’Ivoire. « Notre premier marché sera celui des maraîchers et des petits exploitants familiaux, dont nous voulons préserver la santé », précise la jeune femme.
Une fois que les travaux de recherche et développement, notamment sur l’efficacité du biogaz, seront terminés, elle installera sa bioraffinerie. Dès la première année d’activité, prévue pour 2018, Jacigreen entend produire 30 000 sacs de 50 kg. « Nous estimons nos besoins d’investissement à 88 millions de F CFA [un peu plus de 134 000 euros], dont 68 millions pour l’acquisition des équipements nécessaires au démarrage de la raffinerie », précise Mariama Mamane. Son projet a déjà été très remarqué.
En octobre 2016, elle a été le « coup de cœur » du jury des African Rethink Awards organisés par Land of African Business (LAB), un think tank créé à Paris en 2015 en marge de la COP21. En février, elle a reçu le prix de l’entrepreneuriat féminin décerné par la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, lors du salon Sahel Innov, qui s’est tenu dans la capitale nigérienne.
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