
Imed Trabelsi lors de son procès à Tunis, le 10 aout 2011 © Hassene Dridi/AP/SIPA
Les crédits octroyés à la famille et aux proches de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sont suspectés d’avoir mis à genoux les banques publiques. Justifiée ou non, l’idée est enracinée dans l’opinion tunisienne.
La commission d’investigation sur les faits de corruption et de malversation, installée en février 2011 et présidée par Abdelfattah Amor, a établi que 80 % des crédits alloués à « la famille » de l’ex-président tunisien, d’un montant total de 3 milliards de dinars, l’ont été par les banques publiques.
Cette proportion s’explique. Contrairement à leurs homologues du privé, les directeurs des établissements étatiques, soumis au bon vouloir de l’exécutif, n’avaient pas le loisir de refuser ou de louvoyer face aux demandes trop pressantes.
De bons risques
Cependant, souligne l’analyste Kais Kriaa, président du directoire d’AlphaMena, « on ne peut pas en conclure qu’ils ont coulé ces banques, car ces prêts étaient généralement adossés à des projets extrêmement rentables et constituaient de bons risques ». Logique : les membres du clan Ben Ali avaient fait main basse sur les secteurs d’activité les plus rémunérateurs. Ils remboursaient rubis sur l’ongle.
Hormis le cas, très particulier, de la BFT, la Banque franco-tunisienne, dont la gestion opaque avait échappé à tout contrôle et qui a octroyé par pure connivence plusieurs centaines de millions de dinars de crédits sans garanties (voir JA no 2893), les établissements bancaires publics ont plutôt opéré dans les règles de l’art. L’ardoise laissée par Sakhr El Materi, le gendre du président déchu, a d’ailleurs presque intégralement été récupérée grâce à la revente des 15 % du capital de l’opérateur téléphonique Tunisiana (devenu Ooredoo), confisqués après la révolution. S.Gho.
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