Si le décor et l’intrigue annoncent une grande fresque historique dans la lignée d’Autant en emporte le vent, la Québécoise Dominique Fortier s’affranchit vite de ces codes. La trajectoire des deux héroïnes est entrecoupée d’autres histoires, formant un patchwork où les personnages, noirs ou blancs, la chronologie et le mode de narration changent sans cesse, au point de déboussoler le lecteur…
Certitudes en éclats
À moins qu’en se perdant celui-ci ne finisse par découvrir le sens et l’essence du roman. Car toutes ces fables se font écho. Et dans le fracas de l’histoire des États-Unis, la voix des millions de Noirs opprimés, exploités, humiliés trouve sa place, sans manichéisme. Des scènes courtes mais percutantes où perce une injustice criante, bien que longtemps considérée et brandie comme la volonté de Dieu.
Des réflexions qui bousculent nos certitudes et jusqu’à notre empathie, comme les derniers mots de l’esclave June à son fils, parti se battre : « La liberté, ce n’est peut-être pas aussi important qu’on le dit. Regarde ce que les Blancs, qui l’ont depuis toujours, ont trouvé à en faire. »