
Le Studio Tamani, à Bamako au Cameroun. © Sébastien Rieussec
Depuis plus de vingt ans, la fondation aide les radios indépendantes africaines à prendre leur envol.
Créée en 1995 par trois journalistes suisses, dont Jean-Marie Etter, un ancien de la Radio suisse romande (RSR), la fondation Hirondelle prend la même année sous son aile Radio Agatashya (« hirondelle », en kinyarwanda), lancée par Reporters sans frontières au lendemain du génocide « pour que les Rwandais aient une alternative aux médias de la haine », explique Caroline Vuillemin, la directrice générale de la fondation.
Nous œuvrons à restructurer ou renforcer les radios locales, grâce à la mise à disposition de productions et de formations
Dès l’origine, l’organisme installé à Lausanne n’a cessé d’implanter des radios dans des pays africains en situation de conflit armé, de post-conflit et de crise sociale endémique, « où l’accès à l’information non partisane est difficile ».
Dans les pays en crise
Après le Rwanda, la fondation Hirondelle a contribué à diversifier les ondes au Liberia (1997), en Centrafrique (2000), en RD Congo (2002), au Soudan (2006), en Sierra Leone (2007), en Tunisie (2011), au Mali (2013), en Guinée (2014), au Burkina Faso (2015) ou encore au Niger (2016). Au fil des ans, la fondation a évolué, et privilégie désormais deux axes d’intervention : elle met en place des studios dont les productions sont diffusées via les radios locales partenaires et elle accompagne certaines radios publiques, comme la Radio nationale tunisienne et la Radio télévision burkinabè, dans leur réorganisation technique et leur gestion.
« Notre valeur ajoutée ne consiste plus à lancer des radios, mais plutôt à aider les stations locales, privées ou publiques, à se restructurer ou à renforcer leur savoir-faire, grâce notamment à la mise à disposition de productions et de formations », précise Caroline Vuillemin. Et parmi les experts et les formateurs auxquels la fondation a recours figurent de plus en plus d’Africains, en provenance des rédactions qu’elle a aidées à démarrer.
Soutenue par les organismes publics
Pour financer ses opérations, la fondation Hirondelle bénéficie depuis vingt-deux ans de l’aide indéfectible de la coopération suisse. Un soutien qui peut également être diplomatique : « Lorsque l’un de nos journalistes a été assassiné en RD Congo, l’ambassadeur suisse a mobilisé ses homologues et contacté les autorités congolaises », se rappelle ainsi la directrice.
L’Union européenne et de nombreux pays contribuent également à la fondation, pour laquelle l’aide publique représente 95 % des ressources. Elle compte également faire appel au mécénat privé. « Pour consolider l’existant et investir dans les technologies, nous devons diversifier nos sources de financement », indique Caroline Vuillemin.
Lire les autres articles du dossier
«Suisse : cap sur l'Afrique»
- La Suisse, ce pauvre petit pays riche !
- La Suisse à l’heure de la transparence
- Santé : le groupe Novartis face à de nouveaux défis en Afrique
- Suisse-Afrique : « Les ressortissants africains jouent un grand rôle à Genève »
- Énergie : le géant de l'électricité ABB projette ses ambitions sur le continent
- Suisse : Nicolas Pyrgos, l'homme qui gère l'argent de riches Africains
- Kais Marzouki, directeur de Nestlé pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale : « Se fournir localement est le meilleur moyen de faire face aux fluctuations des monnaies »
- Tourisme : la Suisse cinq étoiles est confortablement installée en Afrique
- Entreprise : Économiesuisse entraîne les sociétés helvétiques dans l'aventure africaine
- Technologie : Touchless Biometric Systems veut laisser son empreinte en Afrique
- Luxe : l'horloger F.P. Journe compte « quelques clients en Afrique »
- Négoce en Suisse - Stéphane Graber : « Chez nous, pas d’incertitudes »