Guinée-Conakry : dans la magie du Petit Musée

Du Théâtre de poche au Bar bleu en passant par sa galerie et sa cour foisonnantes, le centre culturel privé fait la part belle à l’art contemporain et au spectacle vivant.

À Dixinn, dans le quartier de La Minière. © Le Petit Musée/Facebook

À Dixinn, dans le quartier de La Minière. © Le Petit Musée/Facebook

fxf

Publié le 8 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Gare routière de Conakry. Vue du marché de Madina de Conakry, le 10 décembre 2012. © Sylvain Cherkaoui/JA
Issu du dossier

La Guinée reprend des couleurs

Malgré l’épidémie d’Ebola et la chute des prix des matières premières, la Guinée semble surmonter les difficultés. Sa croissance est en hausse mais les enjeux sociaux sont toujours sur la table des priorités.

Sommaire

Lorsqu’on entre au Petit Musée, on a l’impression de pénétrer dans une grotte secrète. Le décor de faux rochers peints en bleu, créé par l’artiste sud-africain Prince Malatsi, en fait un lieu unique, à mi-chemin entre le conte de fées et le film fantastique. Tel un labyrinthe, il happe le visiteur pour le conduire jusqu’aux voix puissantes qui s’élèvent du Théâtre de poche.

Ce jour-là, la troupe de Prince Malatsi, The Messengers of Messages, répète son spectacle Les lions lisent et font rire. Une vingtaine d’artistes, pour la plupart polyvalents – comédiens, musiciens, danseurs ou contorsionnistes –, s’activent sur les planches au rythme des tambours. « Notre troupe est souvent en résidence au Petit Musée car nous partageons les mêmes valeurs, explique la comédienne et chanteuse burkinabè Stella Aicha Sagnon. Nous sommes des touche-à-tout, c’est dans notre ADN, et Le Petit Musée est un endroit multiculturel, où les artistes se croisent et créent des liens. »

la suite après cette publicité

19 ans d’existence

Situé dans le quartier de La Minière, sur la commune de Dixinn, ce centre culturel privé a été fondé en 1998 par l’artiste Fifi Tamsir Niane. Depuis, il a vu passer toutes sortes d’artistes. Peintres, plasticiens et photographes ; comédiens, danseurs et musiciens ; poètes, conteurs ou humoristes ; écrivains, réalisateurs et dramaturges ; Africains, Européens ou Américains…

« Ce qui importe, ce n’est pas leur carte d’identité, c’est leur esprit. Tous ceux qui sont passés ici ont contribué à soutenir les arts en Guinée. Je suis fière de voir mon enfant devenu adulte, capable de voler de ses propres ailes », confie Fifi Tamsir Niane, qui réside depuis peu à Brazzaville (Congo) mais est revenue dans sa ville natale pour les préparatifs de l’événement Conakry Capitale mondiale du livre 2017, dont elle est vice-commissaire et directrice artistique.

Le décor en faux rochers, peints en bleu par l’artiste sud-africain Prince Malasti.

Le décor en faux rochers, peints en bleu par l’artiste sud-africain Prince Malasti.

la suite après cette publicité

En septembre 2015, Fifi Tamsir Niane a confié la direction de son Petit Musée à une amie, la Française Isabelle Dalmau-Bucheton. Cette dernière est secondée par la comédienne Hadja Djariou Bah, qui a récemment joué dans La Tribu des gonzesses, de Tierno Monénembo. « Djariou est une excellente comédienne et c’est aussi une fille très sérieuse. Le contact passait bien, alors je lui ai proposé tout naturellement d’être mon adjointe, et je ne le regrette pas ! » se félicite Isabelle Dalmau-Bucheton.

Familiale et multiculturelle

la suite après cette publicité

Les spectacles s’enchaînent, les expositions aussi, notamment celles des artistes en résidence. Depuis la première édition du Trophée protecteur des arts et cultures (TPAC), en 2013, le Petit Musée décerne le prix Bicigui amie des arts (en partenariat avec la filiale locale de BNP Paribas), dont le lauréat 2016, le plasticien Sékou Oumar Thiam, a été exposé du 14 janvier au 13 février dans sa galerie.

Après avoir vérifié dans la salle d’exposition que les photos étaient bien mises en valeur, Hadja Djariou Bah passe à l’atelier de menuiserie, où Ibrahima et Alseny Bah scient, poncent et rabotent le khari (bois veiné jaune) pour réaliser des meubles au design unique, vendus dans la boutique du centre culturel.

Elle rejoint ensuite sa complice Binta Boubacar Diallo : la talentueuse cuisinière assure le service au Bar bleu lors des vernissages et concocte les bons petits plats des soirées Jeux’dis Arts. « Tous les jeudis, autour d’un thème différent, on mixe les arts, on mange, on boit, on écoute de la musique traditionnelle mandingue, explique Hadja Djariou Bah. C’est le côté convivial. Ici, tout le monde se mélange ! » Le Petit Musée, c’est décidément une grande famille, régie par un système quelque peu matriarcal.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image