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A Kigali, en 2014. © Ben Curtis/AP/SIPA

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L’odyssée rwandaise

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Troisième mandat de Paul Kagamé : « Nul ne doit être considéré comme irremplaçable »

Selon l’avocat Thierry Kevin Gatete, la réforme constitutionnelle qui permet au président Paul Kagamé de se représenter à la prochaine élection présidentielle crée « un précédent dangereux ».

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Par - envoyé spécial à Kigali
Mis à jour le 23 octobre 2019 à 19:41

Paul Kagamé s’adresse à la foule quatre mois avant le référendum, à Kinigi, Rwanda, le 5 septembre 2015. © Ben Curtis/AP/SIPA

«Même si je me rends bien compte que c’est ce que désirent majoritairement les Rwandais, je suis mal à l’aise à l’idée qu’on personnalise la Constitution. »

En juillet 2015, Thierry Kevin Gatete, blogueur et avocat spécialiste des droits humains, déposait donc devant la Cour suprême un mémoire au nom du Centre rwandais pour les droits de l’Homme à l’appui de la requête du Parti vert visant à contester la réforme constitutionnelle qui permet au président Paul Kagamé de se représenter, le 4 août, au terme de son deuxième mandat. « Je trouve qu’on crée là un précédent dangereux, commente l’intéressé. Même si le Rwanda a un bon président, nul ne doit être considéré comme irremplaçable. »

Dans son argumentaire, Me Gatete invoquait la nuance entre « le peuple rwandais », auquel se réfère le préambule de la Constitution, et l’opinion publique rwandaise, qui a choisi, en décembre 2015, d’accorder par référendum, à une écrasante majorité, une dérogation sur mesure à Paul Kagamé.

4 millions de signatures

Contrairement à l’opinion publique, à l’origine de la pétition qui avait recueilli près de 4 millions de signatures et qui avait ouvert la voie à cette révision constitutionnelle, « le peuple rwandais inclut [les] ancêtres et [les] descendants, qui, bien que n’ayant signé aucune pétition, se retrouvent eux aussi affectés par une décision qui modifie l’un des principes essentiels sur lesquels est fondée notre Constitution », écrivait-il.

« Je savais que la cause était perdue d’avance. Mais je ne voulais pas qu’on puisse dire devant l’Histoire qu’aucune voix discordante ne s’était fait entendre », conclut l’avocat.