Cameroun : une préfète, une créatrice de bijoux et une musicienne à la conquête de l’Ouest

Qu’elles contribuent à la paix sociale, renouvellent un art traditionnel ou fassent vibrer par leur voix, ces passionnées représentent des atouts indéniables pour la région.

Antoinette Nzongo-Nyambone, Préfet du département du Koung-Kih à Bandjoun, Yaoundé, le 11 janvier 2013. © Jean Pierre Kepseu/JA

Antoinette Nzongo-Nyambone, Préfet du département du Koung-Kih à Bandjoun, Yaoundé, le 11 janvier 2013. © Jean Pierre Kepseu/JA

Clarisse

Publié le 22 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Place du 20 mai, de nuit dans la ville de Yaoundé, au Cameroun. © Photo de Renaud Van Der Meeren pour les Éditions du Jaguar
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Antoinette Nzongo-Nyambone, unique préfète

Elle se dit de plus en plus à l’aise dans ses fonctions, après quatre ans d’expérience. Unique femme préfète du pays, Antoinette Nzongo-Nyambone reconnaît avoir eu quelques appréhensions au début, mais elle a définitivement pris ses marques. Et se risque même à un premier bilan.

La principale fierté de cette mère de cinq enfants originaire du département du Nyong-et-Mfoumou, dans le centre du pays, est d’être parvenue à asseoir autour de la même table patriarches et chefs traditionnels du département afin de définir – ensemble – les orientations de son action. Elle semble ravie d’avoir redonné vie au stade Fotso-Victor. Réhabilité grâce au soutien des élites de Bandjoun, il a été homologué par les autorités de Yaoundé pour les entraînements de la CAN 2019. Autre succès, l’installation à Bandjoun du centre de formation aux métiers non agricoles de l’Ouest.

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Le défi des litiges fonciers

D’autres paris l’attendent, notamment la question des terres. Avec une densité de 400 personnes au km2, son département, le Koung-Khi, compte parmi les plus peuplés du pays, et la plupart des litiges entre habitants relèvent du foncier. Son plus grand défi, ainsi que celui de toute la région, reste pourtant la lutte contre Boko Haram. Si le Koung-Khi n’en fait pas directement les frais, la vigilance est néanmoins de mise.

Ville de transit vers le nord-ouest et le nord au départ de Yaoundé comme de Douala, Bandjoun n’est pas à l’abri. D’autant qu’elle est limitrophe du département à majorité musulmane du Noun, le long d’une large bande rurale inhabitée pouvant servir éventuellement de base de repli. La préfète y multiplie donc les patrouilles improvisées. Et invite ses administrés à signaler toute incursion d’étrangers sur le territoire.

Ly Dumas, la fée aux perles

Petite fille, elle avait le privilège de frotter le dos scarifié de sa grand-mère pendant que celle-ci faisait sa toilette. Depuis, enfouies au plus profond de son être, les sensations éprouvées au contact de la peau de l’aïeule se réveillent chaque fois que ses mains effleurent la nacre. Lynn Dumas – qui préfère se faire appeler Ly – ne se contente pas de collectionner les perles. Elle crée des formes nouvelles, réinterprète les traditions, contribuant à l’essor d’un art vivant.

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Transmettre les traditions

Ex-mannequin, épouse de l’un des héritiers de la famille Hermès, cette créatrice de mode s’est donné pour mission de transmettre des savoir-faire afin de préserver la tradition. Par son travail, Ly Dumas rend hommage aux maîtres perliers des cours royales de son enfance.

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Présidente depuis sa création en 2002 de la Fondation Jean-Félicien Gacha, du nom de son père, elle s’emploie, entre autres, à booster l’esprit créatif des jeunes en les formant, outre au perlage, à divers métiers de l’artisanat, de la vannerie à la couture en passant par le tissage. Hérités de traditions millénaires, ses tissus exclusifs sont fabriqués par des artisans installés aux quatre coins des campagnes d’Afrique.

Son livre, Perles, couleurs d’Afrique, publié aux éditions Gourcuff Gradenigo en 2009, est un petit bijou. Après ce premier volume d’une trilogie, le deuxième sera consacré au textile, quand le troisième, construit autour du voyage, sera un trait d’union entre les deux premiers opus.

Kareyce Fotso, artiste fusion

Elle a cette humilité dont seules sont capables les grandes dames. C’est ce qui explique la bienveillance des médias à son endroit. Mais pas que : chanteuse, guitariste et percussionniste, Kareyce Fotso a du talent.

Voix puissante légèrement éraillée posée sur des notes cristallines, elle fusionne à la perfection folklore camerounais et blues, jazz ou soul. Passée par les cabarets comme son amie Charlotte Dipanda, celle qui a été désignée « ambassadrice de bonne volonté » pour les prochains Jeux de la francophonie, qui se tiendront à Abidjan du 21 au 30 juillet, installe aussi des traits d’union entre les différentes régions du Cameroun, passant des langues bétis aux langues bamilékés, qu’elle sublime. Comme pour prévenir un malheur.

Espoir

Auteure de trois albums – Mulato (en 2009), Kwegne (en 2010) et Mokte (en 2014), la native de Bandjoun, pour qui une mèche de guerre tribale ou de religion est des plus faciles à allumer, veut porter un message d’espoir. Alors elle chante les différences, le déracinement, l’exil…

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