Rien ne destinait Stéphane Audouin-Rouzeau à s’intéresser au génocide des Tutsis du Rwanda. Cet historien français spécialiste de la Première Guerre mondiale, « conservateur » et « militariste » revendiqué, le confesse d’ailleurs : lorsque cet événement survient, en 1994, il le laisse « indifférent » du fait de la couverture biaisée des médias français à l’époque et d’un « racisme inconscient » finalement très courant.
Ce que raconte ce livre, c’est justement la prise de conscience progressive de l’ampleur et des spécificités de ce massacre, lesquelles ont provoqué une « rupture irréversible » chez l’auteur. Voyages, commémorations, lectures, rencontres… Les multiples modalités de cet éveil donnent à l’ouvrage un aspect décousu mais, en dépit d’un style à la fois universitaire et pudique, il rend compte avec une honnêteté admirable de la fascination vertigineuse que provoque la découverte réelle de ce drame encore trop ignoré.