CAN 2017 – Nicole Assélé, ministre gabonaise des Sports : « Notre équipe a besoin d’une âme »

Pour la ministre gabonaise de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, la CAN est l’occasion rêvée de rassembler le peuple gabonais, pourtant divisé depuis plusieurs mois.

Les supporters Gabonais chantent leur hymne après un match contre la Guinée Equatoriale, à Bata, le 25 janvier 2015. © Themba Hadebe/AP/SIPA

Les supporters Gabonais chantent leur hymne après un match contre la Guinée Equatoriale, à Bata, le 25 janvier 2015. © Themba Hadebe/AP/SIPA

Publié le 16 janvier 2017 Lecture : 5 minutes.

Le trophé de la Coupe d’Afrique des Nations, au moment de l’annonce de la victoire du Gabon pour l’accueil de la CAN 2017, au Caire, le 8 avril 2015. © Hassan Ammar/AP/SIPA
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Football : festival de CAN !

Pendant un mois, la Coupe d’Afrique des Nations fera vivre au continent africain des moments exceptionnels. Découvrez notre dossier pour tout savoir sur la compétition, qui se déroule du 14 janvier au 5 février au Gabon.

Sommaire

La Coupe d’Afrique des Nations est le premier événement d’ampleur de sa carrière politique. Après avoir occupé plusieurs fonctions ministérielles, Nicole Assélé vient, à 50 ans passés, d’être nommée à la tête du maroquin de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs. Cette cousine germaine d’Ali Bongo Ondimba n’hésite pas à payer de sa personne pour rappeler les retombées qu’est en droit d’attendre son pays de l’organisation de la compétition.

Les Gabonais seront derrière leur équipe et joueront parfaitement leur rôle de treizième homme.

Le contexte n’est pourtant pas le même que celui de 2012. La tension politique héritée de la dernière élection présidentielle, la morosité économique, voire le changement d’entraîneur à la tête de la sélection nationale, plombent un peu l’ambiance. Nicole Assélé est cependant persuadée que, dès le coup d’envoi, le pays retrouvera son enthousiasme et fera même l’union sacrée derrière les Panthères. Surtout si, comme il y a quatre ans, elles rééditent l’exploit d’atteindre les quarts de finale.

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Jeune Afrique : La CAN 2017 ne semble pas faire l’unanimité chez les Gabonais. Ne craignez-vous pas que l’accueil s’en ressente ?

Nicole Assélé : Le sport a toujours été un grand facteur de fraternité et de retrouvailles pour les Gabonais. Je suis moi-même une ancienne sportive [elle a été internationale de handball, ndlr], et je connais l’esprit de fair-play propre à mon pays. La CAN est un moyen de nous retrouver autour de notre drapeau pour sceller notre unité. Seul le sport offre ce genre d’opportunités.

Des menaces de boycott ont été brandies. Les avez-vous prises au sérieux ?

Les Gabonais seront derrière leur équipe et joueront parfaitement leur rôle de treizième homme. Notre équipe a besoin d’une âme, et je veux tout particulièrement m’efforcer de mobiliser notre jeunesse. Je suis persuadée que, dès qu’il sera question de la sélection, nous allons tous la soutenir. La compétition va nous permettre de nous rassembler.

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C’est en avril 2015 que le Gabon a obtenu l’organisation de la CAN. Comment le pays s’y est-il préparé depuis ?

Vu l’importance de l’événement, le gouvernement a réactivé le Haut-Commissariat, qui chapeaute le comité d’organisation de la CAN [Cocan], créé en 2012. Cette instance a été placée sous la tutelle du ministère des Sports et de la présidence de la République, avec l’objectif de mettre en œuvre le cahier des charges imposé par la Confédération africaine de football [CAF].

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À Libreville, le stade omnisports Omar-Bongo avait, dans un premier temps, été choisi, avant d’être écarté. Pour quelle raison ?

Nous avons dû y renoncer pour des raisons de sécurité.

En 2012, deux stades avaient été érigés, l’un à Franceville, l’autre à Libreville. L’effort de construction a-t-il été aussi important cette année ?

Pour satisfaire la CAF, le Gabon devait se doter de deux stades supplémentaires, qui viennent s’ajouter aux investissements déjà réalisés lors de la CAN 2012, coorganisée avec la Guinée équatoriale. Nous avons choisi la ville d’Oyem pour sa proximité avec nos voisins équato-­guinéens et camerounais, ainsi que celle de Port-Gentil, la capitale économique du pays. Ces stades s’ajoutent à ceux déjà existants à Franceville et à Libreville pour que la compétition puisse se dérouler dans quatre stades, un pour chaque groupe.

Des retards ont pu être évoqués ici ou là…

J’ai réceptionné les stades d’Oyem et de Port-Gentil au début de décembre. Et l’effort ne s’est pas arrêté là, puisque nous avons également rénové les routes autour des stades, réalisé d’importants travaux de voirie et modernisé les aéroports d’Oyem et de Port-Gentil pour qu’ils puissent recevoir des vols internationaux.

Le budget de la CAN s’établit à 463 milliards de F CFA, qui s’ajoutent aux 400 milliards de 2012 (863 milliards de F CFA au total, soit environ 1,3 milliard d’euros). N’est-ce pas trop dans le contexte économique actuel ?

C’est un budget correct, mais nous l’avons revu à la baisse. Vous connaissez en effet les conséquences de la chute des cours du baril sur nos finances publiques. Certaines activités initialement prévues ont dû être annulées.

Ce qui ramènera le budget final à quel montant ?

Nous ne pouvons pas le communiquer pour l’instant. Plusieurs problèmes de dernière minute doivent être résolus, à commencer par les pelouses des stades d’Oyem et de Franceville, dont nous ne sommes pas pleinement satisfaits, ce qui nécessitera des coûts supplémentaires. Les comptes seront arrêtés au coup de sifflet final de la compétition.

Le ministère du Tourisme attend entre 10 000 et 15 000 visiteurs, en plus des équipes et de leur encadrement. La CAN représente-t-elle une opportunité à saisir pour faire décoller le tourisme ?

Quel que soit le nombre de visiteurs, cette épreuve sportive sert de vitrine au Gabon, en Afrique et au-delà. Pour les chiffres exacts, j’attendrai les bilans qui me seront remis après la compétition. En revanche, nous avons travaillé avec l’immigration pour la mise en place d’un e-visa spécifique à la CAN, à prix bas [autour de 25 000 F CFA], pour faciliter l’entrée au Gabon.

Libreville est régulièrement classée comme l’une des villes les plus chères d’Afrique…

Nous sommes à l’œuvre, mes collègues du Commerce, ceux du Tourisme et moi-même, pour que la CAN serve le rayonnement du pays. Pour y parvenir, les prix doivent baisser, même si les opérateurs économiques voient davantage la compétition comme une opportunité de les doubler ou de les quadrupler. Nous avons besoin de ce coup de pouce dans un contexte de ralentissement de l’économie. Pendant un mois, nos entreprises vont bénéficier d’un regain de la demande. Elles doivent en profiter.

En 2012, le Gabon avait atteint un quart de finale historique. Les Panthères, qui viennent de changer d’entraîneur, peuvent-elles reconduire cette performance ?

J’avais été claire avec la fédération gabonaise : ne pas dépasser le mois de novembre avec un entraîneur qui ne donnait plus satisfaction. Et, le 30 novembre, Jorge Costa a été remplacé par José Antonio Camacho. Nous avons des joueurs de talent, mais je crois qu’ils sont un peu trop gâtés. Ils ont besoin de davantage de rigueur. Camacho a les qualités pour remettre de l’ordre au sein de la sélection nationale. Plus cette équipe ira loin, plus elle suscitera l’enthousiasme des Gabonais.

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