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Afrique – France : quel avenir ?
La décision, annoncée début décembre par le chef de l’État de ne pas se présenter au printemps prochain à l’élection présidentielle, promet déjà de rendre le 27e sommet Afrique-France unique en son genre. Qu’attendre en effet de ce rendez-vous, sachant qu’il ressemblera davantage à la tournée d’adieu de l’un de ses principaux protagonistes et qu’il a toutes les chances de fermer un chapitre plutôt que d’en commencer un nouveau ?
Surtout qu’il ne s’agira même pas de passer le témoin à un éventuel successeur, tant il semble évident pour beaucoup que le prochain président français sera issu d’un autre camp politique. Avec toutes les inconnues que cela impliquera des deux côtés de la Méditerranée. À Bamako, l’heure risque bien d’être plus au bilan qu’à ce nouvel élan dont auraient pourtant besoin des relations franco-africaines en pleine redéfinition.
Non que le chef de l’État français ait particulièrement à rougir du sien en Afrique. En plus d’éviter les approximations de son prédécesseur sur la place historique de « l’homme africain », c’est en chef de guerre au Mali que François Hollande a gagné ses galons de président. N’affirme-t-il pas, en février 2013, après avoir été acclamé par la population de Tombouctou, alors que l’armée française vient de libérer la ville, qu’il a « sans doute vécu la journée la plus importante » de sa vie politique ?
Pas sûr que l’accueil soit aussi triomphal cette fois lors du sommet de Bamako. Les discussions s’annoncent en effet âpres, qu’il s’agisse de la situation sécuritaire dans le Sahel, en Centrafrique et en Libye, de la gestion des flux migratoires et de leurs impacts sur la situation intérieure en France et en Europe. Les analyses ne manqueront pas de se distinguer, les avis de diverger et certaines solutions apportées de s’opposer, en fonction des agendas de chacun.
C’est en chef de guerre au Mali que François Hollande a gagné ses galons de président
À moins que, avant de tirer sa révérence, le président ne montre une dernière fois le même pragmatisme que celui dont il a su faire preuve pendant toute la durée de son quinquennat. En France comme sur la scène internationale. C’est en son nom qu’il a soldé une certaine idée de la « Françafrique » et de son « pré carré », qu’il s’est personnellement engagé, dès le sommet de Paris en 2013, sur les thèmes de la sécurité et du réchauffement climatique et qu’il a corrigé l’approche française en matière d’aide au développement vers le continent.
Autant de postures censées lui garantir un minimum de postérité. Et renforcer l’image, quelque peu en souffrance, de la France en Afrique, à l’heure où il y règne une concurrence économique sans précédent. Certes, François Hollande n’a jamais porté le costume de super VRP avec la même ostentation que Nicolas Sarkozy, mais il s’est vite aperçu de la perte d’influence des entreprises françaises sur un continent qui amorçait son décollage, alors que la courbe du chômage ne cessait de grimper en France.
Plutôt que de compter sur une « diplomatie économique » dont les effets réels sur le terrain restent à mesurer malgré le fait que les ambassades n’aient pas attendu les injonctions de leur ministre de tutelle d’alors, Laurent Fabius, pour la mettre en pratique, c’est bien le chef de l’État qui a demandé au duo Védrine-Zinsou de repenser le modèle de partenariat économique franco-africain.
Avec l’espoir de voir le secteur privé tricolore reconquérir ses parts de marché, et la France rejouer un rôle essentiel dans l’économie africaine. Même si ce n’est certainement pas le domaine où le continent attend le plus celle qui se voit encore comme « la patrie des droits de l’homme ».