Moyen-Orient : Donald Trump, un éléphant dans un bazar de porcelaine

Le programme du nouveau président des États-Unis : pulvériser l’État islamique, mater les Iraniens et soutenir mordicus Israël.

Donald Trump avec le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, au Plaza Hotel, à New York, le 19 septembre 2016. © DOMINICK REUTER/AFP

Donald Trump avec le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, au Plaza Hotel, à New York, le 19 septembre 2016. © DOMINICK REUTER/AFP

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 15 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le porte-avion Abraham Lincoln en 2012. Il navigue actuellement dans les eaux du Golfe. © Carlos M. Vazquez II/U.S. Navy
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Golfe : demain, la guerre ?

Les États-Unis, l’Arabie saoudite, Israël et les Émirats d’un côté. L’Iran et ses alliés de l’autre. C’est le conflit auquel tout le monde se prépare mais dont personne ne veut, tant ses conséquences seraient dramatiques.

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Est-ce vraiment une surprise ? Le premier chef d’État à avoir félicité l’islamophobe Donald Trump pour sa victoire a été… un Arabe. « L’Égypte est impatiente de voir le mandat de Donald Trump animer d’un nouvel esprit nos relations bilatérales », a expliqué le bureau du président Abdelfattah al-Sissi.

« Il y a, au Moyen-Orient, un camp “nationaliste-autoritaire”, incarné par des personnalités telles que Sissi ou Assad, très hostiles à Hillary Clinton, qui pensent que Trump, par ailleurs en termes cordiaux avec Poutine, pourrait être l’élément disruptif qui donnera un coup de pied dans la fourmilière et changera la donne », commente le politologue Émile Bitar.

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Mettre fin à Daesh

Dans les quartiers insurgés d’Alep, c’est la consternation : Clinton n’avait-elle pas annoncé que sa priorité en Syrie serait la destitution du dictateur Assad ? Certes, Donald Trump a qualifié le maître de Damas de « sale type », mais il a aussi déclaré qu’une victoire de l’opposition – appuyée par l’administration Obama – « pourrait très bien aboutir à pire qu’Assad ».

Dans la région, sa priorité fait écho à celle qu’affiche le Russe Vladimir Poutine : écraser l’État islamique, Donald Trump l’isolationniste n’ayant paradoxalement cessé de critiquer la mollesse des opérations entreprises par Barack Obama. Pour beaucoup dans la région, qui n’en peuvent plus de voir perdurer le califat brutal, cette promesse d’anéantissement rassure davantage que la poursuite d’un combat de faible intensité qui s’annonçait avec Clinton.

Elle est aussi pour les extrémistes la promesse d’une confrontation de grande envergure que les moujahidines de l’apocalypse appellent de leurs prières.

Les idées simples de Donald Trump en matière de politique étrangère résisteront-elles aux complications de l’écheveau moyen-oriental ?

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D’autres à Téhéran, radicaux d’une révolution islamique en perte de vitesse, se réjouissent de voir ravivée l’hostilité au « Grand Satan » après l’apaisement amené par l’accord de 2014 sur le nucléaire iranien que Trump a menacé de « démanteler ». Une promesse qu’il lui sera difficile de tenir, cet accord engageant d’autres puissances et les Nations unies.

Reste un risque, qui pèse sur les modérés du régime des mollahs : que Trump n’invoque les violations des droits de l’homme et l’existence d’un programme balistique iranien pour rétablir des sanctions unilatérales. Une fermeté bien reçue à Tel-Aviv, où le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, a salué la victoire d’un « véritable ami d’Israël ».

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Les idées simples de Donald Trump en matière de politique étrangère résisteront-elles aux complications de l’écheveau moyen-oriental ? « Il y a deux options, commente Julien Théron, conseiller en géopolitique. Soit le nouveau président s’engage dans une alliance sans ambiguïté avec Poutine, soit il se collette à la réalité complexe du terrain (question kurde, compétition entre acteurs régionaux, crise israélo-palestinienne…) que lui rappelleront le département à la Défense et le département d’État ».

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