Des lueurs d’espoir pour l’économie malgache

Le pays s’efforce de se relever de la crise politique qui l’a isolé de 2009 à 2013, dégradant ses indicateurs économiques et sociaux. Pourra-t-il bientôt se passer des bailleurs de fonds internationaux ?

Vue d’Antananarivo. © Leonora (Ellie) Enking / Flickr creative commons

Vue d’Antananarivo. © Leonora (Ellie) Enking / Flickr creative commons

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 24 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Vue du lac Anosy, à Tananarive, capitale de Madagascar. © Sascha Grabow/Wikimedia Commons
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Madagascar : nouveau départ ?

Près de trois ans après la fin de la crise politique et l’investiture du président Hery Rajaonarimampianina, Antananarivo aspire enfin à la stabilité et s’apprête à accueillir le XVIe sommet de la Francophonie, les 26 et 27 novembre.

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Avec les atouts dont le pays dispose dans les domaines humain, minier, agricole et touristique, c’est à pleurer de le voir végéter dans l’extrême dénuement. Ces vingt dernières années, la croissance économique a été inférieure à la croissance démographique, ce qui n’a pas permis de combattre la pauvreté. Alors que nombre de pays subsahariens améliorent d’année en année leur système éducatif et le niveau de vie de leur population, Madagascar a reculé dans ces deux domaines fondamentaux.

La crise politique de 2009-2013 n’a rien arrangé. Durant ces années de pagaille, selon la Banque mondiale, l’efficacité de l’administration malgache s’est littéralement effondrée, et, malgré la création de trois organismes officiels pour la combattre, la corruption a explosé. Panne de confiance généralisée, compétitivité en berne et extrême vulnérabilité aux ouragans comme aux chutes des cours des minerais ont découragé les investisseurs.

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Assainissement des finances

Pourtant, les lueurs d’espoir sont bien réelles. Elles ne sont pas encore perceptibles par la population, dont la principale préoccupation est de trouver de quoi se nourrir. Mais, sans conteste, elles apparaissent en amont de l’économie grâce aux efforts du gouvernement du président, Hery Rajaonarimampianina, pour réformer l’État et sa gouvernance.

L’assainissement concerne d’abord les finances publiques, avec un meilleur recouvrement des impôts et des taxes douanières pour en finir avec la collecte publique actuellement misérable – moins de 10 % du PIB. Même effort du côté des dépenses : l’ajustement automatique des prix des carburants mis en place cette année soulage le budget de l’État d’importantes subventions.

L’entreprise publique d’eau et d’électricité, la Jirama, est un autre gouffre à subventions ? Sa gouvernance est en cours de modernisation, les tarifs viennent d’être augmentés de 15 %, et des compteurs intelligents vont permettre de mieux contrôler la consommation des 6 000 plus gros usagers, qui représentent 60 % des ventes d’électricité. Le maintien à flot du système de retraite pèse lourd dans les comptes de l’État ?

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Le gouvernement a annoncé qu’il calculera les retraites sur les cinq dernières années de rémunération, et non plus sur le dernier bulletin de salaire, et qu’il fusionnera les deux régimes de retraite pour réduire leur coût de fonctionnement.

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Ce grand ménage a concerné de nombreux autres secteurs – renoncement à emprunter à des taux élevés, indépendance de la Banque centrale, remise à plat du fonctionnement d’Air Madagascar, suppression à venir des marchés publics de gré à gré –, avec des effets bénéfiques. Ce n’est que depuis 2014 que le taux de croissance a dépassé les 3 %, tout juste au-dessus du taux de la croissance démographique, et il devrait franchir la barre des 4 % cette année.

Depuis un an, la monnaie nationale, l’ariary, a cessé de se dévaluer. Les réserves en devises ont quelque peu augmenté. L’inflation se modère (6,3 % à la fin du premier semestre de 2016, contre 7,6 % en décembre 2015). Air Madagascar est à nouveau autorisé à poser ses avions en Europe. Le FMI a qualifié la dette extérieure du pays de « soutenable ».

Pour conforter cette amorce de redressement et soutenir la mise en œuvre du Plan national de développement (PND), concentré en priorité sur l’énergie, l’agriculture, l’industrialisation, l’intégration régionale et l’amélioration de la qualité de vie des populations, les bailleurs de fonds ont décidé de faire des gestes plus que symboliques.

En février, la Banque mondiale a alloué au pays 690 millions de dollars sur trois ans ; en juillet, le FMI lui en a accordé 304,7 millions (avec un décaissement immédiat de 43,5 millions) ; la BAD annonçait fin août un investissement de 600 millions de dollars sur quatre ans. Ajoutées aux 510 millions d’euros promis par l’Union européenne en 2015, ces sommes commencent à rendre plausibles les 5 % de croissance prévus par le FMI en 2019, car les besoins, prioritaires, en infrastructures de transports, d’éducation et de santé ont désormais quelques chances d’être satisfaits. La descente aux enfers devrait en être stoppée.

Il reste à séduire les investisseurs internationaux, sans lesquels il n’y aura pas de créations d’emplois. Le sommet de la Francophonie est une première occasion pour prouver que Madagascar va mieux, mais il faudra persévérer dans l’assainissement pour pérenniser ce fragile retour en grâce.

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