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Cop 22 : quand le Maroc passe au vert
Jeune Afrique : Quelle est l’originalité du site de Oum Azza ?
Adil El Koubbi : Elle tient à notre vision, axée sur la valorisation, avec un centre de tri qui traitera bientôt plus de la moitié des 2 000 tonnes de déchets reçues quotidiennement. Ensuite, à l’organisation en coopérative des anciens chiffonniers que nous employons, comme nous y obligeait notre cahier des charges. Le captage du biogaz fait aussi de nous la seule décharge du Maroc intégrée au Mécanisme de développement propre [MDP], avec la mise sur le marché d’unités de réduction de carbone. Cela nous a permis d’amortir nos investissements. À terme, 90 % des bénéfices iront aux communes que nous servons.
Quelles sont les perspectives du marché de la valorisation ?
Nous sommes en phase test dans le cadre d’un partenariat avec la société suisse Éléphant vert, productrice de fertilisants et de pesticides bio pour la formation de compost à partir des déchets verts. Lafarge vient aussi d’acquérir une parcelle près du centre. La société récupérera les « refus » du tri et, après un processus de bioséchage, les transformera en combustibles.
Qu’attendez-vous de la COP22 ?
J’aimerais que notre expérience serve d’exemple. Le plan national de gestion des déchets prévoit d’éradiquer les décharges sauvages et de recycler 20 % des ordures en 2020. Nous pouvons être un lieu d’expérimentation dans la recherche de pistes de valorisation. Nous devons aussi aller plus loin en matière de cogénération, c’est‑à-dire dans l’utilisation du biogaz pour produire de l’énergie. La loi est votée mais, faute de décret d’application, nous ne pouvons injecter l’électricité obtenue dans le réseau.