Institutions : un nouveau souffle pour le Nepad

Depuis sa création en 2001, le programme de développement est critiqué pour son inefficacité. Sous l’égide de l’ex-Premier ministre nigérien Ibrahim Assane Mayaki, sa relance semble prometteuse.

Ebrahim Assane Mayaki avec Nkosazana Dlamini Zuma et Carlos Lopes durant la 20e session du Nepad en Mai 2016 à Addis Abeba. © GovernmentZA / Flickr creative commons

Ebrahim Assane Mayaki avec Nkosazana Dlamini Zuma et Carlos Lopes durant la 20e session du Nepad en Mai 2016 à Addis Abeba. © GovernmentZA / Flickr creative commons

OLIVIER-CASLIN_2024

Publié le 25 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) a connu une petite révolution en avril… mais personne ne le sait ! « Les équilibres politiques à l’intérieur de l’agence restent fragiles », explique, sous le couvert de l’anonymat, un fin observateur de l’organisation. Mieux vaut donc ne rien annoncer plutôt que risquer de fâcher. Une belle occasion de perdue, pourtant, pour les responsables du Nepad, qui, en décidant de ramener le nombre de ses programmes prioritaires de six à quatre, ont fait montre d’un réalisme loin d’avoir caractérisé cette structure depuis sa création en 2001.

Un outil de plus

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Ce manque de communication semble presque constitutif d’un organisme longtemps demeuré une abstraction pour les Africains eux-mêmes. Un « nouveau machin » supplémentaire à ranger sur l’étagère des multiples initiatives lancées dans les années 1990, censées assurer le développement du continent au moment même où celui-ci était saigné à blanc par les ajustements structurels imposés par la Banque mondiale et le FMI.

Né de la fusion du plan Omega, porté par le président sénégalais Abdoulaye Wade, et du Millennium African Plan de trois de ses homologues, le Sud-Africain Thabo Mbeki, le Nigérian Olusegun Obasanjo et l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, rejoints plus tard par l’Égyptien Hosni Moubarak, le projet présentait pourtant l’originalité d’être lancé « par des Africains, pour des Africains », comme le rappelle Henri-Bernard Solignac-Lecomte, responsable du département Afrique à l’OCDE, partenaire au long cours du Nepad. Ce dernier reçoit d’ailleurs immédiatement la bénédiction de l’ancienne Organisation de l’unité africaine (OUA), qui le met sous sa tutelle. Sans trop savoir qu’en faire.

Des moyens limités

Les premières années, le Nepad brille par ses « vues de l’esprit », pour reprendre la formule d’Abdoulaye Wade, telles que l’autoroute transcôtière Nouakchott-Lagos ou la transsahélienne Dakar-N’Djamena, aujourd’hui encore ensevelies sous le sable. « L’organisation n’avait pas les moyens de ses ambitions. Elle ne disposait d’aucunes ressources. À peine pouvait-elle poser les bases intellectuelles de tels projets, reprend notre fin connaisseur des arcanes du Nepad. Il a fallu attendre l’implication de Meles Zenawi pour que les choses évoluent. »

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Lassé de l’impuissance du Nepad, en qui il voit un formidable levier pour l’émergence du continent, le Premier ministre éthiopien milite dès 2010 pour renforcer ses capacités opérationnelles au sein de l’Union africaine (UA). « L’objectif étant d’en faire une véritable agence de développement, le bras technique de l’UA », explique Ibrahim Assane Mayaki, secrétaire exécutif du Nepad depuis 2009.

Arrimage à l’agenda de l’UA

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Homme de consensus, l’ex-Premier ministre nigérien est perçu comme celui qui a fait souffler le vent du renouveau sur le Nepad. Assimilé par son statut à un commissaire de l’UA, il était initialement chargé d’assurer l’intégration effective de la structure au sein de l’union. « Il a largement accompli cette mission, et si le Nepad retrouve aujourd’hui une certaine crédibilité, c’est grâce à lui », insiste un connaisseur du milieu, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Après avoir arrimé l’institution sur l’Agenda 2063 de développement de l’UA, Ibrahim Assane Mayaki voudrait qu’elle assume encore plus de responsabilités. « Même la Commission y réfléchit », assure celui qui doit tirer sa révérence en 2017. Jusqu’à en faire, très officiellement, cette Agence de développement pour l’Afrique (ADA) qu’il appelle de ses vœux ?

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