Niger – Mohamed Bazoum : « Nous aurons bientôt démantelé Boko Haram »

Le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique nigérien a accordé un entretien à Jeune Afrique, à l’occasion duquel il s’est montré confiant dans la capacité de l’armée à mettre à bas la secte islamiste.

Le ministre de l’Intérieur du Niger, Mohamed Bazoum. © Vincent FOURNIER/JA

Le ministre de l’Intérieur du Niger, Mohamed Bazoum. © Vincent FOURNIER/JA

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Publié le 21 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Construction d’avenues et de routes dans et autour de Niamey (Niger), par l’entreprise Sogea-Satom en janvier 2016. © Vincent Fournier/JA
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Niger : état de chocs

Malgré la situation au Mali et en Libye, malgré les agressions de Boko Haram depuis le Nigeria, le pays reste en paix. Et alors que les cours des matières premières chutent, il parvient à maintenir son économie à flot. Mais à quel prix ? Et pour combien de temps ?

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Le regard serein – quoiqu’un brin inquisiteur –, la moustache fine et bien taillée… À 56 ans, Mohamed Bazoum n’a rien perdu du style universitaire. Originaire de N’Guigmi, sur les rives du lac Tchad, dans la région de Diffa, l’ancien syndicaliste et ex-professeur de philosophie est l’homme de confiance du chef de l’État. Président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) depuis l’accession au pouvoir de Mahamadou Issoufou, le député de Zinder a été ministre des Affaires étrangères d’avril 2011 à février 2015.

Alors promu ministre d’État à la présidence, il a dirigé la dernière campagne du candidat Issoufou, qui, depuis le 12 avril, lui a confié le portefeuille de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses.

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Jeune Afrique : D’un côté, Al-Qaïda au Maghreb islamique [Aqmi] avec ses complices de l’ex-Mujao ou d’Ansar Eddine ; de l’autre, l’État islamique avec Boko Haram… Le Niger doit faire face à deux fronts. Peut-il résister ?

Mohamed Bazuom : Je n’ai pas de craintes à cet égard, même si nous sommes mis à rude épreuve par la situation qui prévaut au Mali. Car, de l’autre côté de notre frontière, nous n’avons pas un État, nous avons un no man’s land, une vraie passoire, où les bandits de tout acabit vont, viennent et s’organisent. Nous réfléchissons avec nos alliés du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad] pour nous mettre à l’abri de ces dangers que nous voyons s’esquisser.

L’opération française Barkhane vous donne-t‑elle satisfaction ?

Heureusement qu’il y a Barkhane ! Je suis convaincu que, sans cette opération, la situation au Mali aurait été pire et aurait déteint sur le Niger. Les effets de Barkhane ont réduit au minimum le trafic d’armes depuis la Libye et, quoi qu’on en dise, ont limité les actions terroristes.

Nous n’avons jamais perdu la maîtrise de notre territoire

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Et comment se passe la lutte contre Boko Haram dans le cadre de la Force multinationale mixte [FMM] ?

La FMM a pris corps, son commandement unique est désormais opérationnel. En ce qui nous concerne, notre participation est modeste, car le gros des troupes est assuré par le Nigeria et le Tchad, mais la principale base de coordination de l’état-major se trouve au Niger, à Diffa [lire p. 68]. La grande offensive « Gama Aiki » est en cours, elle consiste à prendre en tenaille Boko Haram. Nos forces ont repris Damassak en juillet, elles convergent vers l’est, au Nigeria, en direction de Maiduguri, l’un des fiefs de Boko Haram. Nous aurons bientôt démantelé ce groupe terroriste.

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Pourtant, depuis l’attaque de Bosso, le 3 juin, Boko Haram semble très actif…

À Bosso, nous avons été pris par surprise par des groupes terroristes qui étaient supérieurs en nombre. Mais aujourd’hui, c’est fini. Et en réalité, nous n’avons jamais perdu la maîtrise de notre territoire.

Comment faites-vous pour lutter contre les complicités évidentes au sein de la population ?

Beaucoup de nos jeunes se sont laissé embrigader par Boko Haram non par conviction religieuse, mais parce qu’on leur avait fait miroiter de l’argent sur les butins. Ils ont été dévoyés et resteront longtemps un problème pour nous. Ensuite, il y a les réfugiés nigérians arrivés sur notre territoire. Afin de déjouer les infiltrations, j’ai moi-même ordonné la construction de nouveaux camps plus au nord et à l’ouest, loin de la zone où opèrent nos forces de sécurité. Cela met nos mouvements de troupes à l’abri des regards indiscrets.

Ne craignez-vous pas des attentats, notamment dans les villes ?

Nous disposons de suffisamment de forces de sécurité intérieure pour pouvoir prévenir les actes terroristes.

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