
Ce jeune Kinois est aujourd’hui l’un des auteurs les plus prometteurs. © Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
Grand et svelte, barbichette, la voix un brin rauque, David-Minor Ilunga a du style.
À bientôt 30 ans, ce jeune Kinois est l’un des auteurs les plus prometteurs du théâtre congolais contemporain. Après avoir longtemps hésité à rejoindre le monde artistique. Adolescent, il craignait d’être perçu comme un clown.
Jusqu’à ce que l’un de ses enseignants, plus perspicace et plus tenace que les autres, l’oblige à monter sur les planches lors d’un festival scolaire après avoir décelé son talent naissant. Un choix de casting qui révèle David, alors sacré meilleur interprète masculin. Mais qui ne l’incite pas pour autant à poursuivre l’expérience.
« J’ai eu de gros moments d’hésitation, confie-t-il. Je venais d’avoir la meilleure note de ma promotion, et mon père nourrissait déjà l’espoir de me voir devenir un grand statisticien ou un éminent professeur d’université. » Ses convictions religieuses ont également alimenté ses doutes.
Mon père nourrissait déjà l’espoir de me voir devenir un grand statisticien ou un éminent professeur d’université
Fervent croyant du « message du temps de la fin » annoncé par le pasteur américain William Marrion Brahnam, David-Minor Ilunga décide pourtant de combiner études et théâtre. Mais l’équation se révèle trop complexe. Quatre fois, il butte en deuxième année de son cursus d’économie. Avant de tout arrêter, en 2008. « J’ai même brûlé mes textes », se souvient-il.
Grand retour sur les planches
Trois années d’introspection plus tard, « tant le naturel a de force », comme l’a dit le Français Jean de La Fontaine, le comédien remonte sur les planches. À la grande satisfaction de son « maître », Israël Tshipamba. D’autant que « le théâtre ne se renouvelle que par l’écriture », relève le fondateur du Tarmac des auteurs pour justifier sa démarche et son plaisir de voir l’enfant prodige de retour à la maison.
Depuis, David-Minor Ilunga constitue peu à peu son « répertoire textuel édité ». On y trouve entre autres Einsteinnette, une pièce fabriquée lors d’un atelier d’écriture du Tarmac en 2010, qui narre en détail la vie de son auteur. « D’autres textes traînent encore dans le tiroir », glisse-t‑il. L’un d’entre eux a séduit Roland Mahauden, directeur du Théâtre de poche de Bruxelles.
Dans le cadre du partenariat tissé entre la mythique salle de spectacle du Bois de la cambre et le Tarmac des auteurs, David-Minor s’apprête d’ailleurs à se rendre dans la capitale bruxelloise. Un séjour de trois mois pour retravailler son texte avec le dramaturge belge. Le jeune comédien semble bien avoir trouvé sa voie.
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