L’Afrique de l’Ouest en alerte rouge

Les pays d’Afrique de l’Ouest se savent désormais sous la menace. Quelles mesures ont-ils pris pour éviter de connaître les mêmes drames qu’à Bamako, Ouagadougou ou Grand-Bassam. Revue de détails des dispositifs nationaux.

Des forces de sécurité maliennes devant le Radisson Blu, le 21 novembre à Bamako. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des forces de sécurité maliennes devant le Radisson Blu, le 21 novembre à Bamako. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 28 mars 2016 Lecture : 4 minutes.

Un soldat ivoirien sur la plage de Grand Bassam après l’attaque. © AFP
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Après l’attentat de Ouagadougou, la sécurité a été revue à la hausse devant les grands hôtels de la capitale. Les renforts policiers étant payants (comme au Mali), certains hôteliers ont refusé d’adopter ces mesures supplémentaires. De leur côté, les autorités assurent que les patrouilles de police et de gendarmerie ont été augmentées à Ouaga. L’attaque meurtrière du 15 janvier a aussi accéléré le lancement de l’Agence nationale du renseignement (ANR), le nouvel organe de coordination des services de renseignements burkinabè, confiée le 9 mars au colonel François Ouédraogo. Plusieurs opérations de ratissage ont également eu lieu dans le pays ces dernières semaines, notamment dans la région de Tapoa, près de la frontière avec le Niger.

Le Mali est encore sous le régime d’état d’urgence, proclamé par Ibrahim Boubacar Keïta après l’attentat contre le Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre. « Il y a une vigilance accrue et une élévation générale du niveau de sécurité », constate le responsable d’un grand hôtel de la capitale, même si, comme au Burkina voisin, les établissements doivent payer pour obtenir des renforts policiers. Des patrouilles de forces de sécurité en véhicules banalisés ont par ailleurs été déployées près des sites sensibles, tandis que des efforts sont aussi menés pour accroître la coordination entre les différents services de renseignements maliens. Enfin, 2 000 policiers supplémentaires doivent être recrutés au cours de l’année 2016.

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Les autorités sénégalaises ont renforcé leur dispositif antiterroriste depuis le déclenchement de l’opération Serval au Mali, en janvier 2013. Ces mesures ont été accrues après l’attentat de Ouagadougou, le 15 janvier : des policiers solidement armés sont désormais postés en permanence devant les grands hôtels de Dakar, et les gendarmes effectuent des contrôles réguliers sur les principaux axes de la capitale. Selon une source sécuritaire sénégalaise, des unités spéciales sont aussi positionnées à proximité des lieux considérés comme sensibles. Ces dernières semaines, des brigades du Groupement mobile d’intervention ont aussi été formées par une équipe d’instructeurs français.

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Comme dans les autres capitales d’Afrique de l’Ouest, l’attentat du 15 janvier à Ouagadougou a changé la donne à Conakry. Des renforts policiers sont postés en permanence devant les grands hôtels de la capitale. Aucun changement visible n’a en revanche été constaté en ville. Au sommet de l’État, on affirme que la menace terroriste est prise très au sérieux – le président a convoqué une réunion d’urgence après l’attentat à Grand-Bassam. L’arrestation, fin janvier, dans les environs de Boké (près de la Guinée-Bissau) d’un jihadiste mauritanien en cavale depuis son évasion de la prison de Nouakchott a rappelé que le pays n’était pas à l’abri d’incursions d’éléments dangereux.

Quelques jours après les attaques de Grand-Bassam, Accra a décidé de relever son niveau d’alerte. Après une réunion avec le président, John Mahama, le Conseil national de sécurité a annoncé le 16 mars que des mesures seront prises pour sécuriser les lieux sensibles, appelant les Ghanéens à une vigilance accrue et rappelant que « la menace terroriste est sérieuse ».

Depuis l’été 2014, des patrouilles de nuit de l’armée ont été mises en place à Lomé, dans les grandes villes du pays et le long des frontières. Au lendemain des attaques de Ouagadougou, ces patrouilles se sont intensifiées, et des périmètres de sécurité ont été installés autour des principaux établissements hôteliers (2-Février, Sarakawa, Sancta Maria, Palm Beach), où les contrôles sont désormais systématiques. Afin d’améliorer la rapidité d’intervention, la carte militaire du pays a été redessinée, la chaîne de commandement revue. Les sociétés privées sont mises à contribution, avec toutefois un détachement des forces de sécurité en appui. Par ailleurs, sauf autorisation du ministère de la Sécurité, les vitres teintées des voitures sont interdites depuis le 30 septembre 2015.

Depuis l’enlèvement de deux Français au cœur de Niamey, en janvier 2011, et davantage depuis les attentats d’Agadez et d’Arlit, en mai 2013, Niamey est sous étroite surveillance : barrages routiers aux entrées de la ville, contrôles de sécurité dans les hôtels et les restaurants fréquentés par les étrangers… Ce dispositif a été resserré après l’attentat de Ouagadougou, et des plans d’intervention ont été élaborés. « Enlever des étrangers et sortir de la ville semble aujourd’hui impossible, mais ce dispositif n’est pas non plus totalement imperméable », admet un officier nigérien. Niamey n’est pas soumise à l’état d’urgence, contrairement à la région de Diffa, où l’armée est en guerre contre Boko Haram.

Présent militairement au Mali et impliqué dans la lutte régionale contre Boko Haram, le Bénin s’attend à être « frappé à son tour », explique une source sécuritaire. Les mesures antiterroristes ont été successivement renforcées après les attentats de Paris le 13 novembre, de Ouagadougou le 15 janvier et de Grand-Bassam le 13 mars. La surveillance aux frontières a été accentuée, des éléments du Raid et du GIGN ont été déployés à l’aéroport de Cotonou. « Nous ciblons les lieux fréquentés par les Occidentaux », précise notre source. La sécurisation des hôtels est cependant à la charge des établissements. Et ils sont encore peu à avoir fait ce choix.

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