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Béji Caïd Essebsi, élu en décembre 2014, clôt une année 2015 marquée par la recrudescence du terrorisme, la stagnation économique et la crise politique qui a frappé de plein fouet le parti qu’il avait fondé en juin 2012, Nidaa Tounes, pour faire pièce à l’hégémonie d’Ennahdha. Une annus horribilis. Confronté au scepticisme grandissant de ses concitoyens et prisonnier d’une alliance problématique avec les islamistes, dont le soutien au Parlement est indispensable à la survie de la coalition gouvernementale dirigée par Habib Essid, le chef de l’État doit impérativement redresser la barre.
Cet homme politique madré en a vu d’autres. Son mandat n’est pas encore compromis, mais le temps presse, et il le sait : 2016 sera peut-être sa dernière année « utile » pour entreprendre ou lancer les réformes à même de réinsuffler la confiance. Car 2017 et 2018 seront périlleuses, il faudra alors rembourser les crédits obtenus après la révolution, ce qui affectera le service de la dette.
Un remaniement gouvernemental est à l’ordre du jour. Il donnera le signal. Le président espère aussi pouvoir compter sur l’appui de son parti, affaibli par la scission des partisans de Mohsen Marzouk, mais qui retrouvera de la cohérence après le congrès constitutif (consensuel) de février 2016 et le congrès électif qui devrait suivre en juillet. Il sera, pour cela, soutenu par son fils Hafedh, devenu l’homme fort du mouvement. Pour lui aussi, l’année à venir sera cruciale : elle pourrait être celle de son avènement. Aujourd’hui, le père et le fils, par la force des choses, ont destins liés.