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Tout ou presque les oppose, et ils seront les deux têtes de gondole de la présidentielle béninoise du 28 février, un scrutin qui s’annonce d’ores et déjà explosif. Le premier, Lionel Zinsou, 61 ans, a été choisi par le chef de l’État Thomas Boni Yayi pour être son dauphin. Le second, Patrice Talon, 57 ans, n’a qu’une idée en tête : se venger d’un dirigeant qu’il a aidé à faire élire en 2006, sous la présidence duquel il est devenu l’un des opérateurs économiques les plus puissants du pays mais qui a précipité sa chute à force d’accusations de tentative d’empoisonnement, d’acquisitions de drones pour attaquer l’avion présidentiel, de recrutement de commandos et de vol dans les caisses des douanes.
L’un est un économiste franco-béninois au bras long et un pur produit de la haute finance, l’autre un homme d’affaires à la réputation sulfureuse dont les activités sont implantées dans toute la sous-région. L’immense Zinsou est presque étranger au monde politique béninois, le chic Talon l’a financé lors des dix dernières années. En quittant leurs univers de prédilection pour se lancer dans l’arène politique, tous deux se sont lancé un sacré défi. Zinsou, dont l’oncle, Émile Derlin Zinsou, a été président du pays (le Dahomey alors), devra ainsi gommer cette image de candidat de l’étranger, de la France en particulier, que l’opposition dénonce.
Talon, lui, doit prouver qu’il peut rassembler, qu’il n’a pas seulement quitté son exil parisien pour rendre à Boni Yayi la monnaie de sa pièce et récupérer ses parts dans l’industrie du coton et le Port autonome de Cotonou.