NSTS signe le retour de l’industrie textile sénégalaise

Implantée à Thiès, la filature a relancé ses activités en août après dix ans d’arrêt. Alors que son carnet de commandes se remplit, elle se modernise en investissant plus de 5 millions d’euros.

Ici la Nouvelle Société textile sénégalaise de Thiès relancée en 2015 par la Banque nationale de développement économique. © OUMAR SEYE

Ici la Nouvelle Société textile sénégalaise de Thiès relancée en 2015 par la Banque nationale de développement économique. © OUMAR SEYE

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Publié le 17 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le quartier de la Medina, à Dakara © Sylvain Cherkaoui/J.A.
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Sénégal : à contre-courant

Alors que nombre de chefs d’États s’escriment à se maintenir au pouvoir, son président propose d’écourter son mandat. Le Sénégal est décidément un pays à part. Plongée dans une nation ouest-africaine qui mise sur le dynamisme de sa démocratie pour construire l’avenir.

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Tout sourire, en passant dans les ateliers, il distribue sans compter les saluts et franches poignées de main aux différents groupes d’ouvriers qui s’escriment autour d’impressionnantes machines tournant à plein régime. Ibrahima Macodou Fall, le directeur de la Nouvelle Société textile sénégalaise (NSTS), semble être un patron heureux. Et pour cause. En réussissant à faire redémarrer la filature, à l’arrêt depuis 2005, il vient de remporter la bataille qui l’avait alors opposé, explique-t-il, à sa banque partenaire et à certains dignitaires de « l’ancien régime ».

Une fois tournée cette douloureuse page, la NSTS, implantée à Thiès, à 70 km à l’est de Dakar, a repris ses activités de production en août. Bénéficiant de l’implication personnelle du président Sall et de l’appui financier de la Banque nationale pour le développement économique (BNDE), qui lui a octroyé 600 millions de F CFA (près de 915 000 euros), la filature semble être en phase de relance.

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Objectif : la reprise dans le domaine du textile au Sénégal

Environ 80 % de sa production sont destinés à l’export (principalement vers le Maroc et quelques pays européens), les 20 % restants sont vendus à ce qui reste de l’industrie textile locale et à des artisans. Ainsi, le centre des arts et métiers Maam Samba de Ndem, situé dans la région de Diourbel (à environ 150 km à l’est de la capitale), spécialisé dans la confection d’articles textiles artisanaux, vient de passer commande à la NSTS du fil de coton qu’il importait jusqu’à présent du Mali voisin. L’entreprise reconquiert des parts de marché. Et pour accélérer la cadence, Ibrahima Macodou Fall compte s’appuyer sur une campagne de communication et mieux faire connaître ses produits auprès d’une clientèle sevrée de fil local depuis dix ans… « Plus une seule fibre de coton n’avait été transformée au Sénégal depuis l’arrêt de toutes les filatures », déplore-t-il.

Sa renaissance aujourd’hui est d’autant plus importante qu’elle rejoint l’ambition du pays de modifier profondément la structure de son économie

La manufacture relancée, cap sur la phase de modernisation de son outil de production. Grâce à un investissement de 3,5 milliards de F CFA (5,3 millions d’euros), la filature vient de recevoir de nouvelles machines en provenance d’Allemagne et d’Italie. D’autres suivront, et l’usine devrait atteindre sa pleine capacité de production dès le début du deuxième semestre de 2016, avec un objectif de 20 milliards de F CFA de chiffre d’affaires et un effectif de 450 employés (contre 120 actuellement), précise le directeur.

Selon lui, l’enjeu essentiel de cette relance est la reprise du processus d’industrialisation textile au Sénégal, qui, jusqu’au début des années 1980, disposait de l’un des plus importants tissus industriels de la filière en Afrique de l’Ouest. « À l’époque, la filière textile était constituée de 7 unités industrielles, avec un effectif d’environ 3 000 employés pour une masse salariale de 5 milliards de F CFA, ce qui faisait vivre une population de 30 000 personnes, explique le Pr Moustapha Kassé, doyen honoraire de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad), à Dakar. Sa liquidation a entraîné d’immenses pertes pour l’économie sénégalaise. » Et sa renaissance aujourd’hui est d’autant plus importante qu’elle rejoint l’ambition du pays de modifier profondément la structure de son économie, encore principalement exportatrice de produits bruts.

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