
La centrale thermique de Mpumalanga (g) et la centrale éolienne de Gouda en Afrique du Sud. © Wikimedia Commons
Nombreux sont ceux qui voient déjà l’Afrique uniquement éclairée à l’énergie solaire. Mais la réalité est bien moins verte.
Près de 70 % de l’électricité produite sur le continent venait des hydrocarbures (charbon, gaz, fioul) en 2013, loin devant celle fournie par des barrages hydrauliques, du solaire ou de l’éolien, qui progresse néanmoins de façon importante. Ces dernières sources permettent d’éclairer des zones reculées sans émettre de CO2, dans un laps de temps relativement court.
Plébiscité par les professionnels en Afrique, le solaire est d’autant plus attirant que son coût s’est effondré ces dix dernières années. « Évidemment, il faut construire des centrales solaires partout où c’est possible, juge Hakima El Haite, ministre déléguée chargée de l’Environnement du Maroc, pays qui présidera la COP22. Mais ça ne veut pas dire qu’on va abandonner les centrales à charbon, il y a un droit au développement. »
Le charbon est une matière première disponible en Afrique, facilement transportable et abordable pour les États.
Le Maroc suit ce précepte à la lettre. Il vient ainsi d’inaugurer Noor, la plus grande centrale solaire à concentration (qui est plus efficient que le photovoltaïque) du monde, près de Ouarzazate. Parallèlement, la mégacentrale à charbon de Jorf Lasfar ne cesse de s’agrandir. Elle produit déjà à elle seule la moitié de l’électricité du pays.
Le charbon, dont la combustion participe au réchauffement climatique, est une matière première disponible en Afrique, facilement transportable et abordable pour les États.
Alternatives
Tandis qu’officieusement nombre d’institutions internationales ont renoncé à le financer, la BAD estime qu’il ne faut pas l’exclure. « Nous cherchons bien entendu des alternatives avec les États, mais lorsque nous n’en trouvons pas et que le charbon est la meilleure solution, nous choisissons avec eux la meilleure technologie possible », souligne Kurt Lonsway, responsable du département environnement et changement climatique à la BAD. En Afrique du Sud, la banque a participé au financement de la nouvelle centrale « propre » de Medupi.
Pour ce type d’installations, le surcoût se chiffre en centaines de millions de dollars.
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