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Ismaïl Omar Guelleh, le chef de l’État © Vincent Fournier/J.A.

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Djibouti : quel avenir ?

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Économie

Amina Abdi Aden : « Nous allons révolutionner l’accès à la propriété à Djibouti »

La secrétaire d’État djiboutienne chargée du Logement compte réduire l’habitat précaire et soutenir les classes moyennes.

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Mis à jour le 23 novembre 2015 à 14:03

La secrétaire d’État djiboutienne chargée du logement, Amina Abdi Aden. © ABOU HALLOYTA

Jeune Afrique : La ville de Djibouti a connu une croissance urbaine importante, mais accuse toujours un déficit en logements. Quels sont les axes pour y remédier ?

Amina Abdi Aden : Le logement représente en effet la priorité du gouvernement, comme en témoigne la création, en 2011, du secrétariat d’État que je dirige. Le président, Ismaïl Omar Guelleh, a fixé l’objectif de voir tous les Djiboutiens logés dans des conditions décentes. Selon les estimations, cela signifie qu’il faut construire entre 2 500 et 3 000 logements par an, le social aidé représentant environ 60 % de ce total.

Nous avons inauguré en 2014 un programme de construction de 25 000 logements sur cinq ans, en travaillant dans deux directions. D’abord encourager la promotion immobilière pour les logements destinés à une classe moyenne qu’il faut donc rendre solvable à travers des mécanismes de financements bancaires adaptés. Ensuite, et c’est là que le gouvernement intervient, développer les programmes sociaux pour construire des logements destinés aux ménages à revenus modestes. Cela passe par des mesures d’aides ciblées, la mise à disposition de parcelles aménagées ou de matériaux destinés à l’édification des maisons.

Nous nous interdisons de déplacer les habitants ou de les « faire déguerpir ».

L’habitat précaire constitue un problème récurrent. Comment comptez-vous y faire face ?

Le programme Djibouti zéro bidonville vise à résorber l’habitat insalubre. L’idée est de transformer les conditions de vie sans léser les habitants : nous nous interdisons de les déplacer ou de les « faire déguerpir ». Ce problème concerne une grande partie de la ville et constitue malheureusement un héritage colonial. Une grande part de la population a été installée sur des sites ne disposant pas des aménagements nécessaires et, jusqu’en 1977, l’accession à la propriété foncière lui était interdite. Entre 1985 et 1997, des infrastructures vitales ont été réalisées dans ces quartiers, mais la transformation du bâti n’a pas suivi, faute de moyens. Notre programme ambitionne donc de compléter ce qui a été fait à différentes époques.

Vous souhaitez également fonder une Banque de l’habitat ?

Oui. C’est l’outil qui nous a fait le plus cruellement défaut jusque-là : une institution capable d’accompagner aussi bien la promotion immobilière que les particuliers aux revenus modestes. Le secteur bancaire existant ne le permet pas, car les taux pratiqués sont inadaptés. Pour créer cet organisme, nous allons bénéficier du concours des institutions financières arabes comme le Fonds saoudien [pour le développement] ou le Fades [Fonds arabe de développement économique et social], avec des crédits concessionnels très avantageux. Le taux d’emprunt de cette future banque sera plafonné à 5 %. Une telle création va révolutionner les conditions d’accès à la propriété à Djibouti.