Photographie : Philippe Koudjina, un Béninois au Niger

À l’occasion de la 10e édition des Rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine.

« Ok pour la boîte de nuit  »( vers 1970) © Philippe Koudjina/Courtesy Revue noire.

« Ok pour la boîte de nuit »( vers 1970) © Philippe Koudjina/Courtesy Revue noire.

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Publié le 9 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Her Story, Lebohang-Kganye © Lebohang-Kganye
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Les pionniers de la photographie africaine

À l’occasion de la 10e édition des rencontres de Bamako, « Jeune Afrique » revient sur quelques pionniers de la photographie africaine. Et sur leurs héritiers contemporains, qui travaillent sur la mémoire.

Sommaire

Alors que Malick Sidibé parcourt les folles nuits de Bamako, Jean Depara celles de Kinshasa, Philippe Koudjina se penche sur la vie nocturne de Niamey, là où la jeunesse s’épanouit au rythme de la rumba et du twist. Durant les glorieuses années 1960-1970, le Niger et son uranium aiguisent les appétits cupides et attirent toutes sortes d’aventuriers. Les « vedettes de la chanson française viennent donner des concerts, comme Claude François, Adamo ou Johnny Hallyday. On a vu passer aussi Pier Paolo Pasolini et la Callas, qui sont venus en repérage pour le film Medea, en 1969. Et chaque fois, Philippe Koudjina est là », racontent Jean-Loup Pivin et Pascal Martin Saint-Léon de Revue noire.

Né en 1939 dans une famille prospère de Cotonou, Philippe Koudjina Ayi débarque au Niger à l’âge de 20 ans. Il rejoint alors l’une de ses sœurs installée à Niamey et travaille dans une société de travaux publics. Passionné de photographie, il finit par ouvrir son propre studio, baptisé Photo Souvenir. Il est de toutes les soirées, notamment celles du bar de l’Ermitage fréquenté par les militaires et les parachutistes français basés dans la capitale, du Harry’s Bar ou du Tropicana. Il suit les deux premiers présidents.

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Avec Koudjina, c’est toute une page de l’histoire du Niger indépendant qui se dessine… jusqu’à la chute du cours de l’uranium, à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La photographie se démocratise. Ruiné par l’arrivée des minilabs couleur, handicapé à la suite d’un accident, devenu aveugle, Koudjina finit sa vie en 2014 sans le sou, réduit à la mendicité. Réunis lors d’un workshop organisé par le photographe français Philippe Guionie, à qui l’on doit une série sur les tirailleurs sénégalais, six jeunes Nigériens lui rendent hommage. Pendant plus d’une semaine, Souley Abdoulaye, Apsatou Bagaya, Tagaza Djibo, Ousmane Ibrahim, Oumarou Kadry et Dourfaye Zourkalleyni ont arpenté la ville de jour comme de nuit, explorant chacun avec une sensibilité singulière un quotidien sans cesse renouvelé. Hétéroclite et inégal, le résultat offre une image fragmentée et originale du Niger actuel que ces jeunes artistes présentent aux Rencontres de Bamako, où, jusqu’à présent, un seul photographe avait représenté le Niger… un certain Philippe Koudjina Ayi.

« Koudjina en héritage », jusqu’au 31 décembre à l’Institut français de Bamako.

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