Gabon : Omar Bongo Ondimba, des coupures et de la dentelle…

Mystérieuses, objets de crainte et de fantasmes, les résidences des chefs d’État et ce qu’y font leurs locataires ne laissent personne indifférent. Troisième article d’une série en 15 épisodes.

Omar Bongo Ondimba dans son bureau truffé de caméras, années 1985. © Archives J.A.

Omar Bongo Ondimba dans son bureau truffé de caméras, années 1985. © Archives J.A.

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 11 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Le palais présidentiel du quartier du Plateau, à Dakar, Sénégal. © Issouf Sanogo/AFP
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Dans les secrets des palais présidentiels africains

De la Libye de Kadhafi à la Tunisie de Ben Ali, en passant par la Côte d’Ivoire de Houphouët et de Gbagbo, le Zaïre de Mobutu ou le Gabon d’Omar Bongo Ondimba, plongée historique au cœur des secrets petits et grands de nos chefs d’État.

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Les visiteurs qui se risquaient chez Omar Bongo Ondimba espéraient beaucoup du « Boss ». Notamment en termes financiers. «Tous les soirs, on en voyait venir avec le sac vide et repartir le sac plein [d’argent]. Moi, Ali, j’étais dans un coin, car c’était la maison de mon père ! Je préparais le sac et je voyais tout. On me disait : “Tu vois, mais tu ne dis rien.” » Les histoires d’argent de la présidence Omar Bongo Ondimba, son fils et d’autres témoins pourraient en raconter de belles. Selon la légende, le malicieux Omar avait la manie d’enregistrer ces moments où, dans le secret de son bureau truffé de caméras, le visiteur recevait ledit sac… Certains étaient parfaitement informés de ce risque mais n’en avaient cure. L’homme donnait en quelques minutes – compte non tenu des heures passées dans sa salle d’attente – plus d’argent que l’on pouvait espérer en gagner en dix ans, voire plus… Cela valait bien quelques sacrifices.

Un célébrissime mannequin qui aimait les diamants dut ainsi condescendre à accepter 1 million d’euros en grosses coupures.

Les gens savaient pour les caméras, mais qui connaissait toutes les facéties du « doyen » ? Selon Ivette Santa Maria, une miss Pérou invitée en 2004 à séjourner à Libreville, le bureau disposait aussi d’un système de portes coulissantes ouvrant sur une chambre à coucher… Seulement, la reine de beauté n’en avait pas été avertie par les organisateurs du voyage, trop pressés de plaire au président. Elle prit ses jambes à son cou et fit un scandale planétaire. Combien d’autres femmes du monde politique ou de la presse, notamment, ont-elles en revanche expérimenté ce changement de décor sans jamais s’en plaindre publiquement ?

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Un président prodigue

Connu pour sa générosité, le « Boss » pouvait même se montrer prodigue. Un célébrissime mannequin qui aimait les diamants dut ainsi condescendre à accepter 1 million d’euros en grosses coupures, selon les cancans du palais…

Ce penchant du maître pour les femmes valut quelques ennuis au couturier italien Francesco Smalto. Deux fois par ans, Bongo père affrétait un avion de la compagnie nationale pour acheminer au palais quelque 70 valises bourrées de pièces des collections Smalto. Voyageant en première classe, des escort girls (blondes de préférence) étaient payées généreusement entre 5 000 et 15 000 euros pour passer du salon de présentation des costumes sur mesure à la chambre à coucher. En 1995, le couturier fut condamné pour proxénétisme aggravé à Paris et l’affaire créa une crise diplomatique entre la France et le Gabon. Ah, si les murs parlaient !…

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